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Sur l’écume des vagues de l’esprit du temps

Publié le 22 octobre 2010 par Europeanculturalnews
Sur l’écume des vagues de l’esprit du temps

Erika Stucky and Roots of Communication (c) dr


Erika Stucky and Roots of communication
Esprit du temps. Esprit du temps. Esprit du temps.

Si vous voulez savoir ce qu’est que l’esprit du temps, allez écouter un concert d’Erika Stucky et de son groupe «Roots of Communication», comme par exemple celui du 20 octobre au Pôle Sud à Strasbourg.

C’était l’occasion de ressentir, d’entendre et de voir de quelle façon des créateurs de musique transposent leurs idées.

Easy living, crossover, Dada, smooth-sounds, des sonorités bizarres – lors d’une telle soirée, Strucky propose tout ceci et encore davantage.

Son costume de scène, une sorte de mélange entre rappeuse «creative girl» est, contrairement à la tenue sobre de ses partenaires,

volontairement très coloré. Ses partenaires agissent avec une joie évidente. Ils s’activent autour des Drums (Nelson Schaer) et jouent de différents instruments à vent, notamment des cors des Alpes (Robert Morgenthaler, Jean-Jacques Pedretti). Qu’il s’agisse de tubas, de coquillages ou de cors des Alpes, peu importe ! Les deux musiciens soufflent! Qu’ils accompagnent Stucky qui souligne sa propre performance avec des «percussions-balais» ou qu’ils jouent en solo, peu importe ! Ils sont présents à chaque instant, toujours prêts à tisser un tapis de rythme ou alors à entamer une petite compétition entre eux.

Les cors des Alpes ont tout d’un coup la sonorité de Digeridoos. Et Stucky, grâce à sa voix puissante et ses chants africains arrive à effacer carrément leur contexte sonore d’origine. Origine, racines – ce sont des valeurs qui transparaissent souvent dans la musique de Strucky – même pendant les passages de jodles. Ces passages rappellent d’ailleurs fortement son pendant masculin Hubert von Goisern. Origine et racines existent donc bel et bien chez Strucky. Mais uniquement pour subir des changements et pour être adaptées à son propre univers sonore. Un univers dans lequel elle est aussi bien interprète de jazz que la «mamma» frappant le sol de ses pieds au rythme de la musique, ou alors la reine Dada jodlant et portant un masque de chien. Strucky est une nageuse à contre-courant.  Mais elle nage tout en haut sur l’écume des vagues qui portent vers leur sommet ce qui a été préparé auparavant dans cette espèce de bouillon au fin fond des profondeurs. C’est précisément pour cela que le public aime tant Erika Stucky.

Des vidéos quasi amateurs, dont les parties floues et mal cadrées nous rappellent les piètres résultats de nos propres prises de vues, sont projetées sans complexe sur l’immense écran sur la scène. Stucky en est la joyeuse actrice principale. Dans toutes les maisons on peut trouver des balais en bois qui, utilisé en combinaison avec un petit bâtonnet de bois, lui sert d’instrument rythmique. Tout comme le siège capitonné sur lequel elle s’assied de temps en temps pour écouter ses «guys» jouer de la musique sans elle. Ses allusions féministes, elle les fait sans vouloir de donner de leçon à personne car elle ne sait pas non plus comment faire le grand-écart entre enfants et travail, entre femme de ménage et superwoman.  Elle exprime tout ceci avec sa  musique. Le résultat est un mélange amusant avec lequel l’auditoire peut s’identifier.

« I put a spell on you », l’œuvre de Jay Hawkins aux adaptations multiples, est l’occasion rêvée pour Stucky de faire preuve de son immense talent musical. Du fun et une interprétation si intense qu’elle donne la chair de poule.

Great, Erika – you bewitched us – with your spell.

Texte traduit de l’allemand par Andrea Isker


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