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Portrait D’etienne Meyer sur le quotidien l’Alsace

Publié le 18 décembre 2010 par Gcbsourcing
Portrait D’etienne Meyer sur le quotidien l’Alsace

À 25 ans, il est parti enseigner le tennis à Shanghai. Cinq ans plus tard, Étienne Meyer y dirige une société de « sourcing » : vous lui demandez un produit, il se charge de vous le fournir.

Il aurait pu commencer sa carrière professionnelle au Club Med. Il avait le profil : entreprenant, fan de sport, doué pour la fête et les contacts, les épaules larges et le regard malin. Il a pris une autre route : Étienne Meyer fait aujourd’hui du « sourcing » à Shanghai. En clair, il est facilitateur d’affaires entre Européens et Chinois. Vous voulez acheter moins cher vos sachets alimentaires, clés USB, bracelets publicitaires, mousquetons d’escalade ? Il vous trouve les fournisseurs chinois et navigue pour vous, du haut de ses 30 ans dont cinq passés à Shanghai, dans le maquis des idéogrammes et des arcanes douaniers du communo-capitalisme.

Portrait D’etienne Meyer sur le quotidien l’Alsace

Pause tourisme dans la province du Guangxi, au sud de la Chine. La région est connue pour la pêche au cormoran et ses montagnes karstiques. DR

Ce sens commercial, son grand-père maternel, Émile Traber, qui a présidé aux destinées de la cave coopérative de Ribeauvillé, l’avait bien repéré. Mais le gamin s’est d’abord illustré par ses aptitudes sportives : il a pratiqué avec avidité foot, tennis, lutte, hockey subaquatique… Étudiant, il était maître nageur durant l’été afin de se payer un hiver au ski avec ses potes. En foot, il a joué trois saisons en division d’honneur espoir. En tennis, il a dû figurer « dans les dix meilleurs du Bas-Rhin ». Pas mal, mais insuffisant. Car dans les traits de caractère d’Étienne, il y a aussi celui-ci : il est concret. « Il y a 100 départements, donc beaucoup d’autres bons joueurs… Quand je jouais contre Paul-Henri Mathieu, je me prenais des 6-1, 6-0. Ça ne servait à rien de parier le moindre centime sur moi ».

Quand vient le temps des études supérieures, Étienne opte pour le sport (STAPS : Sciences et techniques des activités physiques et sportives), mais moins dans l’idée d’être prof que de travailler pour une marque. « Je n’ai pas eu ma licence universitaire parce qu’il m’a manqué la matière la plus importante : la physiologie. Apprendre 100 000 muscles, 100 000 os… »

Vient donc, en 2004, la tentation Club Med. Mais la réalité sera moins glamour : une formation de marketing international à Strasbourg dégottée par sa maman, Danielle Meyer-Traber, alors maire d’Ostwald. « Les portes des cours fermaient à 8 h 16. Dur, quand on vient de la fac… » Il n’ira pas jusqu’au bout de ce cursus non plus, mais peu importe puisqu’il lui ouvre les portes du monde de tous les possibles pour qui a les épaules larges, le regard malin et la pêche de la jeunesse : Shanghai.

L’école l’envoie en stage dans la mégapole. Il s’agissait d’enseigner le tennis, avec l’idée de créer du « team building », des sessions de motivation au sein des entreprises. « Je me suis dit que ça serait cool : personne ne veut de leçon de tennis à 8 h du matin ! Et puis on commençait à parler beaucoup de Shanghai… »

Il y vit d’avril à septembre 2005. Et profite d’une vie si agréable ( « Un bel appart, une femme de ménage pour deux francs six sous ») que l’idée de rentrer en France devient impossible.

Le destin se met alors en marche : il prend la forme d’une amie alsacienne, qui le rejoint en août ; son père, chef d’entreprise, a besoin de cravates personnalisées pour sa communication ; les jeunes cherchent, dénichent les fournisseurs, le papa est content et l’idée lumineuse apparaît : Étienne a trouvé un moyen de s’ancrer dans la capitale du monde moderne.

Il revient en France à la fin du stage mais ne suit plus vraiment les cours, et repart dès le mois de mai 2006. Avec seulement, assure-t-il, un sac à dos, des connaissances pour l’aider et le loger et un pécule familial. Il crée sa boîte, GCB (pour Green Clean Business) Sourcing, à Hong Kong avec une représentation à Shanghai ( « pour payer moins d’impôts ») et garde au chaud une enveloppe contenant 1 000 € pour acheter un éventuel billet retour. Le challenge : ne rentrer que quand il n’aura plus rien. « À un moment, j’en étais proche… On me voit un peu grande gueule, mais pendant un an, je n’ai pas fait le malin ! » Il ne raconte rien de ses galères à sa grand-mère maternelle, à qui il téléphone chaque jour, religieusement. « Entre nous, c’est fusionnel… »

GCB enregistre sa première rentrée d’argent au bout de neuf mois : du matériel d’escalade pour une société d’Ostwald. Mais le vrai bon contrat, celui qui lance vraiment l’Alsacien, qui lui permet de louer ses bureaux au 30 e étage du building Paris Fashion, n’arrive qu’en juin 2008 : du plastique alimentaire pour Fuchs Industries, à Herrlisheim (67). C’est la boîte de Rudy Scheuer, président de son dernier club de foot. « Il m’a mis le pied à l’étrier. Il disait qu’on est dans la vie comme on est sur le terrain. Et sur le terrain, j’étais plus du style rugueux et battant qu’esthète et dribbleur… J’avais bossé un an et demi sur ce contrat ».

Depuis, Étienne a été rejoint par un cogérant, alsacien lui aussi (Nicolas Diemert, ancien coloc’des années étudiantes), et a embauché un Français et deux Chinois. « Ce ne serait déjà plus possible de me lancer comme je l’ai fait. J’ai connu la fin du Far West… »

Aujourd’hui, GCB « tourne pas mal… Je vis bien ». Considéré comme résident chinois, l’enfant d’Ostwald annonce un salaire mensuel d’environ 2 500 € (soit un train de vie de l’ordre de 4 000 € en France) et un chiffre d’affaires qui a la grimpette. Et il n’entend surtout pas s’encombrer de dilemme moral : « Oui, je détruis des emplois… Mais il y a déjà beaucoup de choses qui ne sont plus produites en France. La mondialisation, je ne l’ai pas créée, mais je m’y adapte. C’est à la France de vendre du made in France en Chine. Les créneaux ne manquent pas ».

Le trentenaire pressé pense déjà à la suite. Créer de nouvelles boîtes (une agence de tourisme pour faire venir les Chinois en France, par exemple), défricher de nouveaux horizons (pourquoi pas l’Australie, le Canada ou le Brésil). Puis rentrer à la maison, plein d’usage et raison. L’aventurier des affaires envisage, à terme, un retour au bercail Et ce sera bien avant la retraite : « J’aimerais que mes enfants grandissent en Alsace… »

Article orginal ecrit sur L’alsace par Hervé de Chalendar: Il aurait pu commencer sa carrière professionnell…


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