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Brice Hortefeux et la liberté de parole

Publié le 18 décembre 2010 par Exprimeo
La vie politique française va mal. Les actuelles accusations portées contre Brice Hortefeux en sont une illustration parmi beaucoup d'autres. Un climat inquiétant s'installe laissant augurer d'une présidentielle singulière. Comme pour tous les autres responsables politiques, beaucoup de griefs peuvent probablement être effectués à l'endroit de Brice Hortefeux mais en aucune manière il ne peut être sérieusement qualifié de raciste ou de Ministre non respectueux des procédures judiciaires ou des Institutions de la République. Il serait quand même nécessaire de le préciser plus souvent dans les actuelles circonstances à lire certains commentaires. En réalité, les accusations portées contre lui actuellement sont d'une toute autre nature. Elles révèlent trois détournements graves. 1) Premier détournement, les mots ont perdu leur sens dans le débat politique. Tantôt le sens des mots est tordu au point de leur faire perdre toute signification réelle. Dernièrement, le Modem était présenté comme l'héritier de l'UDF qui aurait été le pôle du "gaullisme social". Quelle incarnation plus caricaturale d'un raccourci inqualifiable ? Jean Lecanuet, fondateur historique de l'UDF, avait été candidat contre le Général de Gaulle en 1965. Quant à VGE, autre fondateur historique de l'UDF, il avait été l'un des acteurs du ... départ du Général de Gaulle compte tenu de sa position lors du referendum de 1969. Comment est-il possible de les qualifier de "gaullistes sociaux" avec de tels précédents ? Dans ce cadre, les mots deviennent "souples" au point de perdre toute rigueur historique. Tantôt, le sens réel des mots est caché par une formulation maladroite qui peut donner lieu à des interprétations délicates. Dans le cas opposé qui est celui de Brice Hortefeux, il est demandé aux mots de respecter une droiture implacable pour ne pas donner la moindre prise à ce qui peut relever d'une plaisanterie maladroite ou d'un raccourci trop rapide. Dans le premier cas, il est trop prêté aux mots et dans le second cas, il ne leur pas assez prêté parce que leur sens véritable est bien moins grave que leur examen formel strict. 2) Les médias s'en prennent au bouclier. C'est comme si dans un combat, il était possible de s'en prendre au bouclier en prétendant vouloir épargner celui qui le tient. Personne ne peut être dupe d'une telle situation. Mais cette situation révèle un état d'esprit global qui mérite l'attention. La presse traverse un malaise qui traduit un réel désarroi dans son positionnement général. Ainsi, pour la présidentielle 2012, elle parle beaucoup de ceux qui ne seront probablement pas candidats et pas de ceux qui le seront très probablement. Elle parle des anecdotes mais presque jamais des dossiers de fond. Elle régionalise ses repères alors que le village planétaire est reconnu. Ce sont là des attitudes qui, avec le recul, donneront lieu probablement à des appréciations sévères. 3) Il faut libérer la parole politique pour qu'elle réponde aux évolutions de la vie. Dans une démocratie, les remparts véritables ce sont les citoyens bien davantage que des textes au gré d'interprétations diverses et fluctuantes notamment selon les juridictions. Comment peut vivre une parole politique bridée sur le fond, limitée sur la forme notamment par l'interdiction de publicités politiques commerciales et demain encadrée dans la durée selon des critères évolutifs à partir d'un calendrier de campagne ? La vie politique française décroche actuellement de la vie moderne. Les extrêmes et l'abstention progressent. Il faut reconnaître de nouveaux espaces à la liberté de parole. Sous cet angle, l'actuel épisode pourrait porter des aspects positifs à terme en cassant le carcan formel de procédures qui ne correspondent plus aux échanges modernes et aux évolutions des conditions d'expressions.

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