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Les TIC: qu’est ce que c’est?

Publié le 11 décembre 2010 par Ticanalyste
Les TIC: qu’est ce que c’est?

Quelques technologies de l'information et de la communication

Au delà du contenu de l’expression  « Technologies de l’information et de la Communication », c’est la sémantique même du terme « technologie-s » fait l’objet de vives polémiques dans la littérature scientifique du fait de ses accointances avec le mot « technique ». L’adjectif « technique » renvoie à ce qui « appartient tout d’abord à un domaine particulier, spécialisé de l’activité ou de la connaissance, elle induit l’idée d’une maîtrise pragmatique, dédiée à une finalité précise»[1]. On entre alors dans le domaine de l’application, du savoir-faire, et on s’éloigne de celui de l’inspiration. C’est ainsi que le substantif : « couvre l’ensemble des procédés de fabrication, de maintenance, de gestion, de recyclage et même d’élimination, qui utilisent des méthodes issues de connaissances scientifiques ou simplement des méthodes dictées par la pratique de certains métiers. On peut alors parler d’art, dans son sens premier, et de science appliquée dans le second »[2]. De nos jours le mot technique qui a subi bien de modifications de sens est entrain de tombé en désuétude dans le domaine du traitement de l’information. Le mot « technologie » est de plus en plus utilisé, employé maintenant au pluriel et adossée à la nouveauté. L’expression nouvelles technologies s’imposent pour évoquer les  objets techniques actuels (Ruffier Cl., 2006).

Les TIC: qu’est ce que c’est?

Technologie et culture

Le terme technologie selon un article de Schatzberg intitulé Technik comes to America, Changing Meanings of Technology before 1930[3] est d’invention allemande. Employé pour la première fois par  Beckmann, qui publie en 1777 Anleitung zur Technologie (Introduction à la technologie), il désigne la science qui se consacre à l’étude des procédés techniques. D’après Schnatzberg E., le transfert de sens s’opère dans les premières années du XXe siècle et prend sa source non pas dans le concept de technologie tel que l’employait Beckmann mais en référence à la pensée allemande de la Technik à la fin du XIXe siècle, où il s’agit non pas d’étudier les procédés de fabrication mais d’exprimer une logique propre au progrès industriel incarné dans la culture de l’ingénierie. L’expression technique n’étant pas appropriée (l’anglais le réservant au geste de l’artiste), les auteurs qui poursuivent la réflexion sur le Technik en viennent, faute de mieux, à se réapproprier le terme de technology : c’est le cas notamment de l’économiste et sociologue américain Thorstein B. Veblen (1857 – 1929). Le terme est repris par ses successeurs, qui font du mot technology un synonyme du progrès technique, de l’avancée de la domination humaine sur le monde matériel. Une telle acceptation du terme technologie employé en français comme étant des « techniques de pointe, modernes et complexes, avec une connotation méliorative, politique ou publicitaire » est considéré par le  Petit Robert 2009 comme un anglicisme. Dans le même temps, l’usage du terme dans le sens de « technique » est considéré par le Petit Larousse 2010 comme « souvent abusif ». Ce terme semble donc inadapté à l’usage courant en français. Mais, plutôt que de débattre sur la francisation d’une telle expression, nous rappellerons que entre le sens précis de la technique et de la technologie, un sens commun s’intercale, parce qu’en français comme en anglais, pour la grande majorité des gens, le terme de technologie ne désigne plus un discours ou un savoir sur la technique mais un ensemble cohérent de dispositifs techniques. Ils ont été aidés dans cette prise de position par une officialisation tacite et une très forte présence sur la scène politique des discours sur les « technologies de l’information et de la communication « . Aux Etats Unis le vice-président Al Gore fut l’un des promoteurs ardent des TIC (en particulier l’Internet) avec la mise en place en 1992 du National Information Infrastructure (NII). En Europe, l’adoption du Rapport Langemann par la commission européenne en 1994, souligne une révolution fondée sur les opportunités offertes par les nouvelles technologies. L’Union Africaine (UA) emboite le pas en début 2010 au cours de son 14ème sommet ordinaire à Adis Abela dont le thème était « Les TIC en Afrique : Défis et Perspectives pour le Développement. » et l’adoption d’un projet de déclaration du nom d’Olivier Tambov qui concerne le développement structuré des TIC en Afrique.

Ainsi mondialisée, la notion de technologies de l’information et de la communication (TIC) et de nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) (en anglais, Information and communication technologies, ICT) regroupe « les techniques utilisées dans le traitement et la transmission des informations, principalement de l’informatique, de l’internet et des télécommunications. Par extension, elles désignent leur secteur d’activité économique »[4]. Cette définition des TIC positionne cette industrie comme support de l’industrie du contenu numérique qui fonde le passage à une nouvelle lignée technique[5], celui de la lignée numérique, successeur de l’analogique. Les TIC représentent donc la convergence technique entre les télécommunications, l’audiovisuel et l’informatique. Nommées à ses débuts NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication), elles désignaient alors « un ensemble vaste et hétérogène de systèmes de communication, de matériels, de biens d’équipement qui se greffent sur les innovations de l’informatique, des télécommunications et de l’audiovisuel, sur les synergies qui se sont dégagées entre ces secteurs. »  (Jouët J., 1992 – p.177). L’adjectif nouveau fait donc référence à l’informatique et « l’appellation technologie informatisée eut sans doute été plus appropriée. Mais le qualificatif nouveau perdure. » (Jouët J., op. cit. P. 178).  De nos jours, contrairement au constat fait par Jouët J. dans les années 1992, le qualificatif de « nouveau » a disparu. Les Technologies de l’information et de la Communication sont actuellement nommées sans être accompagnées de leur attribut de nouveau, cela a aussi reconfiguré l’acronyme qui perd au passage son « N » pour s’écrire « TIC ».


[1]- Paul Robert. Le Petit Robert. Le Robert, Paris et Montréal, 1985. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française ; rédaction dirigée par A. Rey et J. Rey-Debove. Seconde édition.

[2]- Définition disponible sur Wikipedia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Technique [consulté en 12 février 2010]

[3]- SCHATZBERG E. « Technik comes to America, Changing Meanings of Technology before 1930 » Technology and Culture, vol. 47, n°3, juillet 2006, pp. 486-512.

[4]-Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Technologies_de_l%27information_et_de_la_communication [consulté en 18 février 2010]

[5]- Simondon, (1969)

Bibliographie:

  • RUFFIER Cl., 2006, «Acté, acteur ou actant ? Le statut des objets techniques en sociologie» ; Sociologie des transferts de techniques et d’organisations, N°1, 47 p.
  • SCHATZBERG E., 2006, « Technik comes to America, Changing Meanings of Technology before 1930 » Technology and Culture, vol. 47, n°3, pp. 486-512.
  • JOUËT J., 1992, Pour une relecture de la société d’information, in CHAMBAT Pierre, Communication et lien social, Editions Descartes, Paris, p.177

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