2011, année de la charité politique

Dans quelques jours, Noël nous annoncera une bonne nouvelle qui devrait nous emplir d'espérance...
Dans deux semaines, de multiples festivités nous indiqueront un changement d'année qui provoquera sans doute chez nous un flot de résolutions positives...
Dans deux semaines et quelques jours, l'Epiphanie nous rappellera que de grands hommes eurent l'humilité de s'en remettre à un petit enfant porteur de charité...

Ces grands hommes, ces rois, ces mages sont un exemple à méditer en ces temps où le monde souffre de leaders qui ne suivent pas la bonne étoile.

Ces drôles de bonshommes, nous les évoquons souvent sur BeniNews et pourrions baisser les bras en voyant que rien ne change. Si ce n'est que quelqu'un nous a dit il y a deux mille ans : patience. "Soyez donc patients, frères, jusqu'à l'avènement du Seigneur" (Jc 5, 7).

La patience, les ivoiriens doivent la détester. Depuis combien d'années sont-ils les esclaves d'une violence imposée à leurs corps et qui se glisse parfois dans leurs cœurs? Il y a quelques heures Charles Blé Goudé, ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo qui avait déjà été le fer de lance de violentes manifestations anti-françaises en 2003 et 2004 a déclaré menaçant : «nous allons défendre la dignité et la souveraineté de notre pays jusqu'à la dernière goutte de notre sueur». Y a-t-il une "dignité" dans la violence, la haine, l'égoïsme? La question n'est plus celle de connaitre le vainqueur légitime d'élections complexes mais bien celle de savoir si des leaders sont suffisamment donnés aux Hommes et conscients de leur vocation ultime de charité pour faire le geste sauveur qui amènera la paix. "Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent" (Matthieu 5, 44).

Plus au sud, au Zimbabwe, l'Afrique offre également une image qu'on aimerait effacer. Pourtant le Zimbabwe est un pays mythique qui fit rêver les poètes. Savanes infinies et animaux merveilleux, fleuve furieux et chutes vertigineuses. Un pays qui fut beau, riche et connut le sourire, avant que le président autocrate et sénile Robert Mugabe décide de le détruire. Violences, choléra, haine. Le Zimbabwe fait pleurer les lions depuis trop longtemps. Et voilà que nous apprenons ce matin que Robert Mugabe, qui avait été forcé par des élections contestées de cohabiter avec son principal opposant, vient de décider à 86 ans que de nouvelles élections auront lieu en 2011 et qu'il sera candidat. Autant dire que 2011 ne sera pas la meilleure année du Zimbabwe... "Que le soleil ne se couche pas sur votre colère" (Ephésiens 4, 24).

Malheureusement, l'Afrique n'est pas unique en son genre.

Wikileaks nous a ainsi confirmé entre autres l'absence de légitimité de Mahmoud Ahmadinejad qui, après avoir perdu des élections, fit un coup de force pour se maintenir à un pouvoir qu'il abreuve de haine.
Les informations lues ici ou là nous montrent le coup d'état subtil du Hezbollah au Liban qui use et abuse de la haine et des ressentiment bien plus que de la charité et de la paix, ou celui d'Hugo Chavez au Vénézuela qui s'arroge les pleins pouvoirs à quelques jours de l'arrivée au Parlement d'un tiers de députés d'opposition.
Le gouvernement de Corée du Nord n'est pas en reste, lui qui joue avec le feu pour maintenir sa main-mise sur un peuple oppressé, pauvre et désespéré.
La Chine et la Russie sont fréquemment dénoncées par des fuites confidentielles révélant des choix économiques, expansionnistes et parfois égoïstes au détriment du principe de charité politique qui ne devrait avoir pour unique axe stratégique le développement de l'homme intégral par la paix, la liberté et la charité.

Les pays occidentaux et la France elle-même n'ont pas toujours été des anges au service du Bien comme a pu le montrer récemment un documentaire sur France 2 sur cette Françafrique qui osa protéger des intérêts "stratégiques" au prix de guerres, de morts et de famines.

Sans parler de la liberté religieuse bafouée en Chine, dans les pays musulmans, en Europe même, d'une autre manière...

"En toi se béniront toutes les nations de la terre" (Genèse 12, 1-4)

La politique est un art difficile. Le contexte, la compréhension des événements, la vision de l'avenir, l'intuition, la peur, les animosités subjectives, beaucoup de choses rentrent en ligne de compte et conduisent les hommes et les femmes qui en sont chargés à commettre parfois des erreurs. Et parfois aussi à se révéler.

Mais ces personnalités politiques sont aussi notre reflet.

Dans sa célèbre Règle, Saint Benoît donne des indications à ses moines pour guider leur choix lors de l'élection démocratique de l'abbé du monastère : homme sage, homme de paix et serviteur fidèle, l'abbé doit œuvrer pour le bien de sa communauté; pur, sobre et bienveillant, il doit être juste, aimé et ne doit jamais oublier de suivre les commandements de Dieu.

Que 2011 soit riche en "pères abbés" qui sauront guider leur peuple, non dans leur propre intérêt mais dans celui des hommes et de Dieu. A l'image du roi Baudouin de cette Belgique qui, depuis sa mort, sombre dans la tristesse, qui récitait souvent cette prière :
« Seigneur, je fais souvent des rêves qui sont totalement à côté de la plaque. Je pense trop souvent à la mission que Tu m’as confiée et pour laquelle je suis né. J’oublie trop souvent que j’existe avant toute autre chose pour Toi, pour T’adorer, pour Te contempler, pour aimer tous ceux que Tu mets sur mon chemin, mais pour les aimer comme Toi Tu les as aimés avec Ton Amour. Jésus, s’il te plait, aide-moi à garder le cap toujours et à chaque instant sur Toi. O mon Dieu, pardonne à l’insecte que je suis de vouloir être un beau cheval. Rends-moi humble, Seigneur tout-puissant, et heureux d’avoir été créé petit. »