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P.Reverdy, prise de notes sur Le Gant de crin. (partie 1)

Par Egoscriptor
(tiré de Le Gant de crin, Flammarion pour les citations, pour le reste indications de notes en bas de pages, si il n'y a rien, alors ce ne sont que des notes)
"
Le marin aime l'immensité, la vaste mer, le ciel sans bornes, et pour en jouir il s'astreint à passer la plupart de sa vie sur quelques pieds carrés de planches.
Le moine aime l'infini et, pour se préparer à en jouir, il s'enferme au monastère entre des murs qui clôturent quelques pieds carrés de terre."
- Le moine, le poète, le marin doivent réussir à s'engager dans l'ascèse et l'assemblage des sentiments. C'est en faiseur de mots que Reverdy voit l'aspiration à l'Être suprême: parce que les lettres sont des vecteurs de transcendance, la poésie est une forme de spiritualité, et de méditation.
"Glorieux, le Christ n'en reste pas moins, parmi les hommes, humilié.
Humilié dans l'Eucharistie, dans l'hostie que l'on montre dans de magnifiques ostensoirs, mais qui ne perd pas pour cela l'apparence des plus humbes espèces.
L'éclat de l'or, c'est toujours la supériorité de la matière sur l'esprit. Pour élever l'esprit il faut abaisser la matière. On ne glorifie pas l'esprit par la splendeur de la matière. C'est ce que le Christ est venu montrer. S'Il s'était manifesté dans la magnifiscience d'une royauté terrestre, c'est la matière qui eût été glorifiée et non l'esprit.
Et il venait pour que les hommes apprissent mieux à glorifier l'esprit dans l'humilité et l'effacement de la matière.
Dans les pompes de l'Eglise cet effacement de la matière devant l'esprit n'est obtenu que par le goût parfait et la mesure de la pure liturgie. Seule la pauvreté complète dans la nudité absolue peut lui être opposée."
- Je pense aux Psaumes 50 & 101 (" "car mes jours se sont évanouis comme de la fumée, et mes os se sont desséchés comme le bois près d'un feu brûlant"-101 & "Créez en moi un coeur pr, ô mon Dieu, et renouvelez dans mon âme l'esprit de droiture." 50), aux Ave Maria, aux choeurs, aux chants grégoriens.
Dans la préface ( qu'il titre "En guise de préface") du Gant de crin P.R. écrit: "Quand on est irrémédiablement petit, on ne saurait rien voir de grand. Au surplus, ce qui fait la grandeur de la religion, ce n'est pas l'homme mais Dieu. Et Dieu fait la grandeur de l'homme qui accepte toutes les conséquences de la religion. La conception (si l'on peut dire) de Dieu, de la grandeur, voilà le pôle qui attire l'âme qui cherche réellement la Vérité comme l'aiguille aimantée nord.
Partie dans ce sens, l'âme devra toujours davantage jeter du lest pour obéir aux exigences pathétiques de cette ascension qui ne saurait finir ni dans la quiétude ni dans la douceur. Situation, religion commode? Ce sont plutôt les mots qui le sont, et aussi les attitudes veules, les petites réunions entre amis, les gros chagrin de l'arrivisme et encore les satisfactions sensuelles d'un organisme à peu près dépourvu même de cœur. Quand le besoin de vérité, de justice, de pureté et d'intelligence absolue vous prend réellement à la gorge, on ne s'en tient pas quitte par des réunions de petits salons à la mode, entre chiens et loups, ou de café. Un esprit disponible n'est pas un esprit en arrêt, mais capable d'aller aussi loin que son appétit d'absolu peut le mener."
-C'est bien dans les Prières du soir- actions de grâce- qu'il faut chercher, à mon sens, la compréhension de ce texte. Lorsque les fidèles disent: "
Remercions Dieu des grâces qu'ils nous a faites.
Quelles actions de grâces vous rendrai-je, ô mon Dieu, pour tous les bien que j'ai reçus de vous? Vous avez songé à moi de toute éternité; vous m'avez tiré du néant (...)
Demandons à Dieu la grâce de connaître nos péchés.
(...)P.R écrit " Au paradis terrestre, Adam se donne la mort. L'homme ne peut supporter l'idée de la mort, elle révolte la raison humaine qui la sonde. Elle n'est pas dans l'ordre de la création, elle est dans le désordre, ou plutôt dans le contre-ordre qui a suivi la chute. Dieu donne la vie et non la mort.
Notre mort, évidente pour l'homme, n'est pas le même spectacle pour Dieu. Je veux dire que la tristesse de cette transformation qui existe pour l'homme n'est pas pour Dieu.
Mais l'homme, le premier homme, invente aussitôt le suicide."
-Cela n'est pas sans rappeler la Genèse (II, 7: "Et Dieu forma l'homme de la poussière de la terre" & III). Lorsque le serpent propose le fruit défendu au couple, il incarne le suicide. Il est la fin de la race humaine dépourvue de pêchés.

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