My2cents #24 – Black Swan

Black Swan c’est le dernier film de Darren Aronofsky, auteur de Pi, Requiem For a Dream, The Fountain et The Wrestler, autant dire un CV en acier trempé.

C’est lui (avec sa femme) (oui oui c’est Rachel Weisz) (Ils ont décidé de divorcer depuis 1 mois) (Scarlett Johnansson, Eva Longoria, Rachel Weisz, mais que se passe t-il!) :

• Ne lisez pas si vous voulez voir le film libre de toutes révélations, même si elles seront ici minimisés au possible •

Donc ouai, The Wrestler c’était plutôt bon, pas très énergique certains diront mais Darren son truc depuis The Wrestler (et après les déluges d’effets visuels) c’est le ressenti, les émotions, la vision subjective d’une personne en souffrance malgré elle, clairement on est pas dans le bonheur…
Avec Black Swan le réalisateur américain atteint probablement le sommet de son art, tout est proche de la perfection, à commencer par Nathalie Portman, transcendée dans ce rôle de ballerine ravagée par sa passion, qui ne voit pas et qui surtout ne connait pas autre chose que la danse classique.
Une passion qu’on comprend rapidement fortement inspirée par sa mère, ancienne danseuse hyperprotective, qui n’a jamais atteint le haut de l’affiche, une façon de critiquer les parents qui veulent vivre leur rêve à travers leur progéniture, si ce n’est en les forçant, en ne leur donnant la possibilité de connaitre qu’une seule et unique chose, ici la danse.

Pourtant Nina (Nathalie) semble aimer la danse, en fait elle l’aime trop, perfectionniste, travailleuse acharnée, c’est encore plus que toute sa vie, et quand le premier rôle d’un grand ballet est en jeu elle commence à perdre pied face à la pression, la fatigue et sa relation avec Thomas (Vincent Cassel) directeur de la troupe, qui lui en demande toujours plus, pas sur la technique mais sur le plan humain…

Car ce ballet c’est le Lac des Cygnes, une histoire pas simple que notre ami wikipédia résumera mieux que moi mais qui, et c’est le détail important, met en scène un innocent cygne blanc et un sensuel cygne noir, deux opposés, miroir de caractère, que la danseuse doit réussir à incarner avec le plus de charisme possible, une chose difficile à apprendre et qui nécessite un abandon de soi sur scène antagoniste avec toute la pression du rôle.

Ainsi on suit la descente dans la folie de Nina, sublime Nathalie Portman, quasiment présente sur tous les plans, qui passe de la paranoïa à la schizophrénie en passant par la rage et le désespoir…L’ambiance est réellement oppressante, on ressent littéralement cette sensation grâce aux cadrages, aux jeux de reflets et à la très belle musique de Clint Mansell qui remix magistralement Tchaïkovsky.

Nina est parfaite pour le rôle du cygne blanc, mais une autre danseuse, Lily (Mila Kunis) à le caractère qui correspond au cygne noire, séductrice, mystérieuse voir manipulatrice, avec elle le rôle dont rêve Nina est en danger et toute la question est de savoir si elle va pouvoir se libérer, se laisser aller, pour soulever le public.

Les acteurs jouent un grand rôle dans le résultat final, Cassel est fidèle à lui-même, naturel et dominant, il incarne bien ce personnage de Thomas, très voir trop libéré, mais qui dans le fond ne cherche qu’à tirer le plus possible de sa danseuse star, sa réussite passe par là.
Mila Kunis et Nathalie Portman se sont entrainées à la danse pendant plusieurs mois pour ce film, le personnage de Lily est bon mais éclipsé, logiquement, par le premier rôle, qui mérite à mon humble avis un Oscar pour Nathalie.
Pour un non initié comme moi elle est totalement crédible en ballerine (j’ai lu des avis de pratiquantes qui la trouvent raide, mais en si peu de temps réussir ça relève de la performance), couplé à son jeu et à la palette d’émotions par lesquelles son personnage passe elle est tout simplement fantastique!
Je me suis dis pendant le film que j’étais content que le rôle lui soit revenu, tout comme pour Cassel, de très bons acteurs n’ont pas l’occasion de voir leur nom associé à un projet aussi intéressant de toute leur carrière…
A noter la présence agréable de la trop rare Winona Ryder en danseuse déchue…

L’absence de réelle indication du temps est déstabilisante et contribue à crée un monde déroutant, dans lequel on se sent enfermé, comme si il ne se résumait qu’à la danse, ce qui est est le cas pour le personnage de Nina qui vit entre l’appartement qu’elle partage avec sa mère et la salle de danse, presque sans intimité, focalisé sur son seul objectif.
Le sujet de base tient finalement sur un timbre : une jeune danseuse se bat pour obtenir le rôle de sa vie dans le ballet « Le Lac des Cygnes » à New York, mais Aronofsky maitrise et apporte tellement au sujet que, même n’étant pas intéressé par la danse on est happé par les images et l’histoire jusqu’à la grandiose scène finale, explosion mentale du personnage et du spectateur dans un tourbillon d’images que l’on boit comme si plus rien ne comptait d’autre que cette danse finale.

On a parlé de film « fantastique » quand les premières infos ont été révélés, notamment à cause d’une scène perturbante où l’ont voit Nina face à un miroir les yeux injectés de sang, il n’en est rien, Black Swan est bel et un bien un thriller psychologique, très psychologique même car on aborde une partie incontrôlable du cerveau humain, le subconscient, qui face à un stress intense est capable d’emmener une personne au bord du gouffre de la folie, entre hallucinations et réalité, difficile d’en sortir indemne…

Pour conclure disons que le film est tout ce que les gens en disent et surement plus, il transporte le spectateur dans un univers parallèle, magnifique mais dur, léger mais triste, une expérience rare dont il faut saluer la réussite…Si vos deux passions dans la vie sont la danse classique et le cinéma rendez vous le 9 Février pour votre Chef d’Oeuvre, si vous n’avez aucun intérêt pour la danse rendez vous le 9 aussi pour en trouver un…