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Diplomate expert

Publié le 21 décembre 2010 par Malesherbes

Vendredi 17 novembre, à l’issue du Conseil européen, notre Président a commenté la situation en Côte d’Ivoire. Dans son préambule, il a  indiqué que les Ivoiriens avaient été privés d’élections pendant dix ans.  La précédente élection présidentielle a eu lieu en 2000, suscitant de nombreuses contestations et provoquant des émeutes. En 2001, ce fut le tour des législatives, dans des conditions tout aussi peu démocratiques. Puis, du fait d’une rébellion dans le Nord du pays et après les accords conclus en 2003 à Marcoussis, l’élection présidentielle qui devait se tenir en 2005 a été différée et reportée par Gbagbo à 2010. Les Ivoiriens n’ont donc pas été privés d’élections pendant dix ans mais seulement cinq. On objectera que l’élection de 2000 était tout sauf régulière mais est on certain que, parmi les précédentes, celles qui ont permis à Houphouët-Boigny de rester au pouvoir de l’Indépendance (1960) à sa mort (1993), étaient toutes irréprochables ?

Mais, glissons, ce n’est là qu’une erreur vénielle. La suite est plus lamentable. Notre souverain lance donc depuis Bruxelles son ultimatum : « Laurent Gbagbo et son épouse ont leurs destins entre leurs mains. Si avant la fin de la semaine, ils n’ont pas quitté euh… » . Là, notre Guide impeccable s’aperçoit qu’il a fort mal engagé sa tirade. Après une seconde d’hésitation, il poursuit : « le poste qu’ils z’occupent ». Et il s’aperçoit qu’ils ne sont pas deux à occuper le poste, même s'il a pu d’expérience avoir parfois lui-même cette sensation. Bravement, il reprend, au mépris de la syntaxe « le poste qu’il occupe ». Oui, mais, au fait, qui donc est ce il, puisqu’ils étaient deux à occuper le poste ? Eh bien, n’hésitons pas, soyons précis, à défaut de nous exprimer en français, ajoutons : «Laurent Gbagbo, ».

A ma grande surprise, j’ai constaté, dans la vidéo diffusée samedi 18 à 20 heures sur France 2, que des mains compatissantes, à défaut d’être habiles, armées de ciseaux digitaux, s’étaient évertuées à supprimer les hésitations indignes d’un aussi éblouissant leader.  Si vous êtes attentif, vous apercevrez une fraction de seconde un écran blanc qui suit le mot  quitté. La phrase ainsi amputée se réduit alors à «  Si avant la fin de la semaine, ils n’ont pas quitté le poste qu’il occupe, Laurent Gbagbo, ». La phrase est ainsi un peu moins ridicule mais reste boiteuse. Dommage, surtout lorsqu’on s’adresse à des gens auxquels la France a apporté sa civilisation et sa langue !

La suite est également maladroite : « ils seront nommément sur la liste des sanctions, nommément. C’qui s’passe en Côte d’Ivoire est parfaitement inadmissible ». Eh non, monarque illustrissime, ce que l’on trouve sur  une liste de sanctions, ce sont des sanctions, pas des noms. Il est pardonnable de ne pas maîtriser son expression orale mais n’importe quel professionnel digne de ce nom, lorsqu’il lui faut énoncer des injonctions de cette importance, prend la précaution de les rédiger au préalable et ensuite de les lire.


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