A Lyon, une centaine de personnes dormirait dehors

SOCIAL.
Signe que le logement est un problème aigu et chronique dans notre société, les acteurs associatifs du logement et de l’hébergement se mobilisent à nouveau à Lyon. Après le rassemblement des acteurs de l’hébergement d’urgence le 2 décembre, puis celui des acteurs du logement le 13 décembre, jour du dixième anniversaire de la loi SRU
(lire l'article sur Libelyon),
c’est toute la chaîne des organisations qui s’occupent des personnes mal logées ou sans abri qui invite aujourd’hui à 17h à un grand rassemblement solidaire place Antonin Poncet à Lyon.

« Samedi soir 19 décembre, après avoir appelé le 115, 87 personnes restaient sans solution d’hébergement. Le dispositif d’hébergement dans l’agglomération est complètement saturé » assure Baptise Meneghin, membre du réseau des professionnels de l’urgence sociale. Pourtant, le dispositif hivernal est en place et bénéfice de renforts. Depuis début décembre le foyer Saint-Irénée est ouvert aux réfugiés et aux sans-abri grâce à l’action conjointe de l’archevêché qui met le local à disposition et de la Préfecture qui finance le dispositif.

Les associations saluent « l’effort temporaire de l’Etat pour ouvrir de nouvelles places » mais l’estiment insuffisant. Elles évaluent toujours à une centaine le nombre de personnes ayant sollicité un hébergement et qui se trouvent contraintes de dormir dehors ou sous un abri de fortune. Au sortir de l’hiver, leur nombre sera porté à 400  complètent les associations qui dénoncent « la prise en charge uniquement saisonnière de la problématique des mal logés, sans aucune projection à long terme ».

Vendredi 17 décembre, l’évacuation « pour raisons de sécurité » d’un squatt occupé par une soixante de Roms en situation régulière dans le 9e arrondissement de Lyon, a encore alourdi la charge du 115. Les personnes expulsées, dont 22 enfants, « ont pu passer la journée de vendredi dans un gymnase mis à disposition par la mairie du 9e arrondissement, avant d'être redirigées vers des chambres d'hôtel et un autre gymnase », ouvert dans le cadre du dispositif grand froid pour les personnes sans abri expliquait Yves Fournier, membre notamment du Collectif lyonnais pour l'accès à la scolarisation et le soutien aux enfants des squats (Classes). Mais « Il n’y a pas eu de concertation entre l’Etat, censé piloter le dispositif d’hébergement d’urgence et la Ville qui a donné l’ordre de fermer ce squatt » déplore Baptiste Meneghin, qui rappelle que les gymnases sont fermés la journée et n’offrent pas d’accompagnement social.

« Une concertation continue entre Etat, collectivités territoriales et associations » pour sortir de la bataille des chiffres et éviter de se renvoyer la balle, c’est ce que demandent à court terme les collectifs militants, les professionnels de l’urgence sociale et les acteurs du logement. L’ensemble de ces acteurs réclame aussi « la signature d’un « consensus local » entre l’ensemble des réservataires du logement social pour répondre prioritairement aux besoins les plus urgents et aux sorties d’hébergement », la création de deux structures d’hébergement pérennes, et la mobilisation de l’offre de logement inexploitée, notamment dans le parc public.

A plus long terme, les associations demandent la mise en œuvre de mesures de fond, répondant à une vision de long terme, dont, pour le public : « une politique foncière et urbaine au service des besoins sociaux » et pour le privé : « la promotion de l’habitat non spéculatif ».

Conscients que les problèmes d’hébergement et de logement sont « interdépendants », les associations unissent leurs forces pour « articuler tous ces problèmes, réfléchir ensemble, et faire des propositions concrètes » pour améliorer le système.

Ce mardi, les associations appellent à un grand rassemblement en musique place Antonin Poncet, dans l’hypercentre commercial de Lyon, pour expliquer au grand public, entre deux achats de Noël, que “d'autres politiques sont possibles” pour les sans abri et les mal logés.

Anne-Caroline JAMBAUD

******************************************

 Sur libelyon :

www.libelyon.fr