Magazine Journal intime

Les triplettes de Noël

Par Pierre-Léon Lalonde
J'arrive devant l'adresse inscrite sur mon terminal et je vois déjà mes prochains passagers descendre au travers la fenêtre qui donne sur l'escalier du HLM. Trois enfants encapuchonnés et une grande qui les aide à descendre les trois étages marche par marche. Être encore fumeur, j'aurais presque le temps d'en griller une, le temps qu'elles me rejoignent. C'est tout un spectacle des les voir enjamber le petit banc de neige qui sépare le trottoir de la rue. Un des enfants se vautre de tout son long sur le monticule alors que la grande que je devine la nounou en invective un autre qui s'apprête à faire de même. Pas besoin de comprendre le vietnamien pour saisir la teneur du propos.
Ça prend une éternité pour que le dissipé trio monte enfin à bord. Les trois petites en font à leur tête et c'est en criant toutes trois de bon coeur qu'elles grimpent debout sur la banquette arrière avec leurs bottes couvertes de gadoue. Le ton colérique de la vieille ne change rien à l'affaire, mais elle en brasse une juste ce qu'il faut pour qu'elle se mette à hurler. Bonjour l'ambiance, quoique ça me change de mes saoulons de fin de nuit.
Je me tourne de bord pour zyeuter ces petites pour réaliser qu'elles ont toutes été coulées dans le même moule. Des triplettes identiques! Sauf que pour l'instant, une crie, l'autre pleure et la troisième lèche la fenêtre. Pour sa part, la nounou que je devine mère-grand continue ses invectives asiates auxquelles je ne pige que dalle. Dans la cohue, je saisis une adresse vers laquelle je décolle.
C'est classique, dès que le véhicule se met en mouvement, les enfants commencent à se calmer un peu. La fatigue doit aussi entrer en ligne de compte et la journée a dû être longue. Du moins, si je me fie à la mère-grand que je devine exaspérée.
À mi-parcours, les taquineries des triplettes s'estompent quand celle qui pleurait y'a pas deux minutes se met à chanter une version toute personnelle de « Petit Papa Noël». Avec son petit accent d'extrême orient, les mots qu'elle chantonne sont incompréhensibles et je songe un court instant à les chanter avec elle, mais je ne veux pas rompre le charme surtout que les deux autres se rallient à son chant pour en faire une des plus jolies cacophonies jamais entendues.
Dans cette folie de fin d'année où tout le monde court comme des poules pas de tête pour finir les emplettes, dans ce grand bordel commercial ou le matérialisme l'a emporté sur le vrai esprit qui devrait animer ce temps des fêtes, j'avoue que le chant improbable des ces trois fillettes m'a ému juste ce qu'il faut pour réanimer un peu de cette magie de Noël.
C'était quoi déjà cette histoire de vérité qui sort de la bouche des enfants?
Sur ce, joyeuses fêtes amis lecteurs. Je vous offre mes meilleurs voeux.

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