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A bas les normes

Publié le 23 décembre 2010 par Malesherbes

Je me propose d’évoquer l’affaire du Mediator sous un angle particulier, celui des relations qui ont pu exister entre le fondateur du laboratoire Servier et notre Président. Je citerai largement pour le faire le discours prononcé par le Président Sarkozy le 7 juillet 2009 alors qu’il remettait à Jacques Servier les insignes de Grand’Croix de la Légion d’Honneur.

Dès 1995, après l’échec d’Edouard Balladur à la présidentielle, Nicolas Sarkozy retourne à son métier d’avocat et gagne entre autres la clientèle du groupe pharmaceutique Servier. Au même moment, des médecins ont suspecté une possible association entre la prise de Mediator et la survenue d'une hypertension artérielle pulmonaire. Je ne pense pas qu’il faille établir un lien entre ce fait et la décision de Jacques Servier de choisir un cabinet avec de solides relations dans le monde politique mais...

En 2003, des médecins espagnols décrivent dans la Revue Espagnole de Cardiologie un cas de valvulopathie associée au benfluorex, la molécule active du Mediator. L’agence espagnole de médicaments et produits sanitaires a publié le 30 juin 2005 une note d’information où l’on peut lire ceci : « La anulacion de la autorizacion de omercializacion, a solicitud del laboratorio titular, se concedio con fecha 28 de marzo de 2003 ». Même sans connaissance de l’espagnol, vous en déduirez comme moi que cette annulation a été faite à la demande du laboratoire. Une telle démarche permettrait d’éviter qu’une interdiction ne soit prononcée par les autorités compétentes ce qui aurait pour effet de généraliser le retrait du médicament à toute l’Europe. On aurait constaté ensuite un retrait similaire en Italie.

Quel contraste avec cet éloge de notre Président, où l’on peut lire : « Vous êtes un personnage hors du commun. Votre ascèse et votre sobriété forcent le respect de tous », « Vous êtes avant tout un médecin, un homme de santé et de recherche », « Vous vous êtes battu toute votre vie pour soulager et pour guérir, pour proposer aux médecins et à leurs patients des médicaments efficaces » et surtout ceci « L’homme n’a pas à être soumis aux caprices du capitalisme et encore moins aux caprices de la spéculation ».

Bien sûr, il est très probable que notre Président n’avait pas connaissance à ce moment de la dangerosité du Mediator et il serait injuste de lui reprocher ses louanges. Par contre, quand il s’écrie : « En tant qu’entrepreneur, vous avez été souvent sévère à l’endroit de l’administration française. Vous critiquez l’empilement des mesures, des normes, des structures et vous avez raison », il se range résolument dans le camp des loups qui considèrent que les lois sont des obstacles à leur empire. Non, votre Altesse, les lois sont ce qui protège les faibles contre la cupidité des puissants.

Et sur ces nobles paroles, qui reflètent bien la réalité de son être, qu’ordonne notre maître, comme après chaque nouvelle atteinte à la sécurité ? Légiférons, légiférons ! L’important, c’est de faire des lois. Quant à les appliquer…


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