Bonheur

Aujourd'hui dimanche chrétien, le Tehilim (Psaume) de la liturgie est le numéro 128 appelé Cantique des degrés.
Il a en effet été composé pour être chanté pendant le pèlerinage, montée vers Jérusalem.
Il était sans doute chanté à la fin du pèlerinage, sur les dernières marches du Beit Hamikdach, le Temple.
Dans la première partie, les prêtres, à l'entrée du Temple, accueillent les pèlerins en leur enseignant "Heureux l'homme qui craint le Seigneur et marche selon ses voies ! Tu te nourriras du travail de tes mains : Heureux es-tu ! A toi le bonheur ! Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils autour de la table comme des plants d'olivier".
Alors les prêtres prononcent la formule liturgique de bénédiction, "De Sion, que le Seigneur te bénisse ! Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie, et tu verras les fils de tes fils".
L'objet de la bénédiction nous montre que notre soif de bonheur bien humain rejoint le projet de D.ieu sur nous. D.ieu nous a créés pour le bonheur.
La notion de bonheur revient très souvent dans la Bible.
Mais y a t'il la possibilité d'être heureux sur cette terre emplie de malheurs et de souffrances?
Ce tehilim insiste sur cette notion de bonheur, "Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies !... Heureux es-tu ! A toi, le bonheur !... Voilà comment sera béni l'homme qui craint le Seigneur. Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie".
Être heureux n'est pas une chose facile.
Et même les hommes droits et justes ne sont pas assurés d'être heureux dans ce monde.
Le seul vrai bonheur est de plaire à D.ieu en réalisant ses Commandements.
En fait, le mot "Heureux" est à la fois un compliment et un encouragement.
"Heureux" veut dire "En marche". Il faut marcher vers le bonheur, le construire. Tel est notre responsabilité.
Le peuple choisi d'Israël a su très tôt que D.ieu l'accompagne dans son désir de bonheur et lui ouvre le chemin.
Le prophète Yirmiya dit "Moi, je sais les projets que j'ai formés à votre sujet, dit le Seigneur, projets de prospérité et non de malheur : je vais vous donner un avenir et une espérance" (Yirmiya (Jérémie) 29, 11).
Il y a deux aspects dans le mot biblique "Heureux".
C'est d'abord le projet, le dessein de D.ieu, qui est le bonheur de l'homme, mais c'est aussi le choix de l'homme, en ce sens que le bonheur qui est de vivre selon les Commandements de D.ieu, est à construire.
Le chemin nous est tracé. Il suffit d'être fidèle à la Loi qui se résume dans le commandement d'aimer D.ieu, notre Père et l'humanité.
Jésus l'a enseigné.
Et il invite ses disciples à suivre ce qu'il leur enseigne, le vrai sens de la Torah, pour leur bonheur, "Heureux serez-vous si vous mettez mes paroles en pratique".
Le texte dit "Heureux l'homme qui craint le Seigneur".
La crainte évoquée ici n'est pas la peur mais le frémissement de l'émotion, cette sensation de petitesse devant l'immensité de D.ieu.
Et D.ieu est Amour. Dès qu'on le découvre on n'a plus peur.
Le peuple d'Israël a eu ce privilège de découvrir à la fois la grandeur de D.ieu qui nous dépasse infiniment, et Sa proximité et Sa tendresse.
La "crainte de D.ieu" est alors l'attitude de l'enfant qui voit en son père à la fois la force et la tendresse.
Le livre Wayyiqra utilise exactement le même mot hébreu pour dire "Chacun de vous craindra sa mère et son père"
(Vayyiqra (Lévitique) 19, 3).
La "crainte" de D.ieu est synonyme d'attitude filiale.
La foi, c'est d'abord la certitude fondamentale que D.ieu veut le bonheur de l'homme et qu'il nous suffit donc de l'écouter, de le suivre avec confiance et simplicité en étant fidèle à Sa Loi.
Quand tous les habitants de Yerushalayim seront fidèles à ce programme, alors elle accomplira sa vocation d'être, comme son nom l'indique, la "ville de la paix".
Ce tehilim anticipe un peu ce jour et affirme "Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie".