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Christchurch, tremblement de terre, les colères de la Mère...

Publié le 26 décembre 2010 par Philippejandrok

679024dc4ca65aa3cb5c86826c374a84.jpgParfois on se demande si les cyclopes qui font trembler la terre sous nos pieds ne le font pas pour signaler leur présence aux humains ?

Où s’ils ne mènent pas des révoltes cyclopéennes contre Vulcain qui s’acharne à les pousser à leur limite pour réaliser les vœux de Mars en bouleversant l’équilibre de la surface. Ils sont ici partout, travaillant d’arrache-pied de jour comme de nuit à faire trembler le sol néozélandais.

Cette nuit, le sol a tremblé à trois reprises, 3.8, 4,5, 5,9 sur l’échelle de Richter, les Cyclopes se sont partagés les rôles et j’ignore pour quelle raison, mais Saint Nicholas, le Père Noël, n’était pas content, pas content du tout, et il nous le fait encore savoir en reconduisant des secousses tout au long de la journée.

Une secousse, c’est comme un grondement sourd qui s’insinue dans chaque structure métallique, dans chaque construction, dans chaque élément se trouvant en surface, et qui parvient à une forme de paroxysme dans une libération subite, un peu comme une éruption subite ou come le rot d’un buveur de bière : bouleversement, maturation, éructation-libération.

Nul besoin de paniquer, nous ne pouvons que subir l’action des cyclopes qui sont là, cachés sous la terre, à secouer les racines de toutes choses, et nous avec.

Ce rot vient des entrailles de la terre comme une boule de gaz compressée qui doit inévitablement exploser et remonter vers la surface, mais cette explosion a des conséquences sur notre environnement citadin, les habitations tremblent de frayeur, elles sont secouées, chahutées, les tables se promènent, le canapé du salon change de pièce, la bibliothèque et les bibelots s’effondrent sur le sol, les cheminées trop mûres se disloquent et pendant quelques secondes, c’est l’apprenti sorcier qui a oublié la formule magique pour rétablir le sort et l’équilibre.

La personne qui fait le nettoyage au motel est venue nous rassurer :

-   Ne vous inquiétez pas, me dit-elle, restez éloigné des fenêtres, vous ne risquez rien.

 

-   Oh, je ne suis pas inquiet, et combien même que pourrions nous faire, nous sommes à la merci des éléments.

-   Oui, exactement, inutile de paniquer et de courir.

-   De courir, mais où et pourquoi faire ?

-   C’est vrai, courir où ? Bon, ne vous inquiétez pas.

-   Il n’y a pas de problème.

Plusieurs autres secousses se sont produites aujourd’hui, mais la structure dans laquelle nous nous trouvons a été réalisé dans les règles de l’art, elle est sécurisée, malheureusement, les structures en briques souffrent terriblement et nombre d’entre elles doivent être rasées pour des raisons de sécurité. Chaque secousse fragilise à nouveau ce type de bâtisses et la ville de Christchurch perdra bientôt son identité au profit, nécessaire, de constructions modernes, adaptées aux colères de la terre.

Les cyclopes ne se préoccupent pas des humains lorsqu’ils font trembler la terre à 3 ou 6 kilomètres de profondeur, ils sont là, perpétuant le labeur à forger dans les entrailles de la Mère, comme me disait une femme Maori avec laquelle j’ai sympathisé :

-   Avez-vous eu peur des secousses ?

-   Non, pourquoi, de toute façon que pouvons nous faire ?

-   Oui, vous avez raison, me dit-elle en éclatant de rire, ce sont les colères de la mère, nous avons cela souvent ici, nous devons nous y habituer et vivre avec. Elle est en colère contre le monde d’en haut, ça arrive.

Nous avons eu une discussion intéressante sur la vie et sur son histoire personnelle, sur son peuple et sa filiation Maori:

-   « Ah, you are a Story teller » (conteur d’histoires), me demanda-t-elle.

-   En quelque sorte.

-   Ok, I got sell something, nice talking to you. (je dois vendre un peu, agréable de discuter avec vous.)

Elle vit en vendant des amulettes en Jade taillé, en os de bœuf et en os de baleine plus rare à trouver, car les Maori ne chassent pas la baleine, il récupèrent les os sur la plage et les sculptent pour en faire des objets rituels et des amulettes à touristes. De nombreux artistes se sont spécialisés dans ce commerce plus ou moins lucratif, à tel point qu’aujourd’hui, une grande part de ces amulettes vendues dans les magasins touristiques sont fabriquées en Chine, comme tout d’ailleurs.

La question que l’on devrait se poser est : qu’est-ce qui n’est pas fabriqué en Chine ?

Même une partie des vêtements badgés en Nouvelle-Zélande sont pour partie fabriqués en Chine puis ramenés en NZ pour la finition et signalés comme produits Néozélandais pour la vente. Le marché Néozélandais est peu important, la population de ce pays se résume à 4 millions d’habitants et les ovins qui étaient près de 70 millions laissent progressivement place aux bovins, car la Nouvelle Zélande figure aujourd’hui parmi les premiers exportateurs de lait mondiaux. Mais ce qui me dérange d’avantage ce sont ces magasins tenus par des blancs, possédés par les Chinois ou les Japonais et qui utilisent la culture Maori pour promouvoir une idée de pureté, de nature et de conservation du patrimoine alors qu’il n’est question que de business, je comprends dès lors pourquoi les Maori se fâchent lorsqu’ils sont confrontés à ce type d’action commerciale, relativement fréquent ici.

Mais ces problèmes n’en sont pas dès qu’il s’agit des colères de la mère, notre mère à tous, la terre.

Nous vivons une époque formidable…


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