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La SNCF peut-elle imploser ?

Publié le 27 décembre 2010 par Lheretique

Tiens, les déplacements en train, parlons-en. Quand je m'entretiens avec des personnes qui traversent la France de part en part en utilisant le chemin de fer, je suis effaré d'en constater la dégradation continue. Jeune, j'ai beaucoup pris le train. Je ne crois pas avoir été spécialement chanceux quand j'affirme qu'il y a encore 20-25 ans, les retards étaient l'exception. Je me souviens très bien d'avoir été impressionné à de nombreuses reprises par l'exactitude parfaite des trains de la SNCF. Comme dans le même temps je voyageais de temps à autre à l'étranger, je ne pouvais que constater avec fierté à quel point la qualité de notre réseau national l'emportait sur ceux des autres pays.

Je me suis longtemps demandé comment on en était arrivé au point où nous en sommes aujourd'hui, et, j'en ai pas mal discuté avec des usagers, notamment des usagers anciens.

Il y a, semble-t-il, une cause première fort simple : l'explosion du trafic. Toujours plus de trains, avec des cadences toujours plus soutenues. La circulation ferrée est tellement intense, avec l'accroissement des échanges, sur le territoire français, qu'elle devient très difficile à gérer.

A cela s'ajoute un sous-entretien des voies ; les sommes investies pour les maintenir sont très inférieures à ce que consentent les autres pays européens, alors même que la France est une plaque tournante de l'Europe.

En cinquante ans, les effectifs de la SNCF ont été divisés par deux, c'est à dire qu'ils sont passés de 350 000 individus à environ 175 000. Je veux bien concevoir que le progrès technique explique une partie de ces diminutions, mais j'ai aussi cru comprendre que les progrès en termes de rendement et de rentabilité de l'entreprise étaient en grande partie liés à une politique de contraction de l'emploi.

Toute la difficulté, désormais, c'est qu'il va bien falloir régler la dette de l'entretien des voies. Ce dernier n'incombe plus à la SNCF, désormais, mais à l'État. Or, la facture se chiffre en milliards d'euros (15 milliards). La SNCF risque de toutes façons d'avoir d'autres chats à fouetter : elle va devoir renouveler son matériel roulant, ce qui suppose des investissements très lourds.

La solution, pour l'État, qui ne peut se permettre de creuser davantage son déficit, est d'instaurer un droit de péage que la SNCF devra lui régler ; la SNCF ou toute autre compagnie ferroviaire. Mais il deviendra alors difficile de demander à la SNCF de pratiquer des tarifs sociaux. 

Il va bien falloir se résoudre, in fine, à devoir trancher entre un réseau en mauvais état mais peu coûteux pour l'usager à utiliser, ou au contraire des voies flambantes neuves, mais avec des prix en croissance exponentielle ou presque.

Dans le même temps, la SNCF doit subir la concurrence des compagnies aériennes low-cost. Peut-être pas indéfiniment, toutefois : le ciel français devient petit à petit aussi encombré que les voies ferrées ou les routes automobiles. 

J'observe que la problématique du transport touche tous ses modes. Bertrand Delanoë décidant de fermer Paris aux automobiles sur le seul critère de leurs émissions de CO2, c'est ridicule, et cela montre combien l'homme ne réfléchit guère au-delà de son périphérique. Bertrand Delanoë ne se demande ce qu'il peut faire pour fluidifier le transport ; il se demande ce qu'il peut faire pour gentrifier sa ville et, au passage, empoisonner l'existence des automobilistes qui la traversent. Et le plus grave, c'est que les mairies de la petite couronne parisienne commencent à l'imiter...

Sébastien Musset fait bien de constater l'entassement des transports à Paris. Il n'est d'ailleurs pas le seul. Il voit également juste en visant une décentralisation incomplète. Mais ces deux sympathiques blogueurs de gauche se fourrent le doigt dans l'oeil s'ils espèrent sincèrement que le transport collectif puisse être la solution à leurs maux.

Peut-être faut-il se demander si nous n'en sommes pas arrivés à saturation quant aux transports sur notre territoire national. Les transports en commun dont nombre de forces politiques se sont faits les apôtres en lieu et place de l'automobile sont-ils seulement en mesure d'absorber un surcroît de voyageurs ? J'ai quelques doutes sur la question.

Dès lors, si les utilisateurs principaux sont des utilisateurs professionnels, il est à envisager, avec le développement des diverses formes de la communication à distance, de repenser le rapport entre le travail et les déplacements. Leur limitation suppose une autonomisation accrue des taches, et donc, une organisation différente des entreprises en premier lieu, de la société à terme.


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