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Toulouse, les nanos et La Dépêche du Midi - Encore un pseudo-débat sous surveillance policière

Publié le 29 décembre 2010 par Unpeudetao

On se souvient qu’en 2009, Nicolas Sarkozy a confié une mission d’études pour le développement des nanotechnologies françaises à trois techno-maîtres :
Jean Therme, patron du CEA-Grenoble, de Minatec, et des grands projets de la cuvette grenobloise ; Dominique Vernay, du groupe d’armement et d’électronique
Thalès ; et Alain Costes, de la fondation InNaBioSanté de Toulouse.

Grenoble, Saclay, Toulouse, sont les avant-postes de la France dans la guerre mondiale pour les nanotechnologies. A Toulouse comme à Grenoble, la presse
locale assure la propagande auprès des techno-rats. La Dépêche du Midi, comme le Daubé, encourage l’avènement du nanomonde, par un inlassable pétrissage
de l’opinion. Entre deux articles à la gloire des start up et des laboratoires locaux, elle organise ses propres opérations d’acceptabilité.

Le 15 décembre dernier, un techno-rat toulousain a tenté de se glisser parmi le public d’un pseudo-débat avec Alain Costes. Voici son récit.

Comme lui, lecteurs, n’hésitez pas à nous envoyer vos témoignages et récits, informations et analyses.


Le mercredi 15 décembre 2010, dans l’auditorium du muséum d’histoire naturelle à Toulouse, La Dépêche du Midi, journal de démocratie, invitait le public
à une conférence-débat animée par le professeur Alain Costes, chargé de mission par Sarkozy pour la recherche et le développement des nano-technologies
à Toulouse.

Ce scientifique est membre du comité de pilotage au collège des nano-sciences du plan “Nano Innov”, mis en place par le gouvernement en 2009. Nano Innov
prévoit le développement de trois “pôles d’excellences” Grenoble, Paris Saclay,Toulouse et il a pour objectif de “donner à l’industrie française les moyens
de réussir le virage des nanotechnologies”.

Nano-carriériste, Alain Costes est également directeur scientifique de la fondation InNaBioSanté, organisme privé financé par les laboratoires Fabre, GlaxoSmithKline…,
par les entreprises Siemens, Total et consort…, reconnue d’utilité publique dont le but avoué est de définir, de promouvoir et de financer le développement
de la recherche, et l’industrie dans le domaine de la santé (contre le cancer en particulier) en s’appuyant sur les biotechnologies, les infotechnologies,
la radiothérapie et les nanotechnologies.

L’homme est désintéressé, il était supposé répondre à la question “Faut-il avoir peur des nano-technologies ?”. La Dépêche questionne donc sur d’éventuelles
inquiétudes face aux nanos, étonnant ! A moins que la rédaction ne se soit emmêlé les pinceaux ? Certes, le journal a pour habitude de publier dans ses
colonnes des faits plus alarmants les uns que les autres. Ses campagnes de terrorisation alimentent dans la population le sentiment de peur et d’insécurité
si prisé des politiques de tous bords. Alors que, quand il s’agit de promouvoir acceptabilité, business, innovation, recherche et industrie locale, les
journalistes se veulent rassurants et même flatteurs. Il n’y a qu’à lire les articles traitant du nanomonde. Mais pourquoi invoquer la peur à côté de nouvelles
technologies si prometteuses ? Il y a là une contradiction surprenante. Faudrait-il donc avoir peur ? Et de quoi ? Des dangers potentiels des nanos ? De
la mise en marche de processus irréversibles ? De la société industrielle ? De la science ? D’une caste de scientifiques, de spécialistes, d’experts et
de marchands qui encore une fois s’expriment en garants de la Vérité ? Du déni de démocratie présent y compris dans les orientations scientifiques, leurs
applications et leurs retombées économiques ?

Bref, le “public” n’attend pas forcément de réponse à vos supposées craintes. Participer à vos débats pipeau, à vos mascarades de conférences, à vos agissements
c’est accepter le nano-monde. Ce jour là devant les grilles du musée, lieu public privatisé pour l’occasion, attendait un déploiement policier digne d’un
état de siège. Périmètre “sécurisé”, jardin public fermé, baqueux, robocops, sécurité privée, tous main dans la main avec les journalistes. Il faisait
froid, très froid. Les bonnets et les écharpes pouvaient prêter à confusion dans leurs nano-cervelles : public crédule ou terroristes potentiels ?

Pour éviter l’amalgame, il fallait faire le tri. Fouille et prise d’identité au faciès s’imposaient afin d’interdire l’entrée à d’éventuels trouble-fête
et de garantir la sérénité de la propagande.

Il en fut ainsi, la conférence se fit devant une poignée de… sous bonne escorte policière évacuant les suspects qui n’avaient pas la bonne réponse à la
question : Vous avez peur hein ? Exprimez-vous ! Nous avons les moyens de vous faire parler, en toute liberté !

Aujourd’hui une campagne nationale promeut les nanotechnologies : pseudo-débats publics, conférences, articles divers dans les médias, manifestations scientifiques
et culturelles… Elle vise à faire croire qu’un débat démocratique précède systématiquement les choix de nos gouvernements. La Dépêche apporte sa pierre
à l’édifice. En matière de falsifications historiques et d’intoxication des lecteurs, elle assure.

Dans l’édition du 20 décembre, après une manifestation contre la Loppsi II, qui aurait dégénéré en affrontements avec la police (même cette info est fausse)
le journal pose une autre question tout aussi pertinente : Faut-il interdire les manifestations le samedi ? Sans commentaire.

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