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Le progres des regrets

Publié le 29 décembre 2010 par Jeanjacques

EXTRAIT D’UN ARTICLE DE WIKIPEDIA

On considère les Présocratiques comme les initiateurs de plusieurs aspects de la philosophie. Le premier écrivain philosophe est Anaximande Leurs réflexions, qui relèvent en grande partie de ce qu'on appela ensuite « philosophie de la nature » (astronomie, origine et reproduction de la vie, etc. — soit ce que les Grecs nommaient « Physique »), présentent des concepts et une exigence de rationalité qui tranche avec les discours traditionnels qui constituaient la culture commune en Grèce, c'est-à-dire les légendes et les fables (en grec : mythos) de la mythologie,comme celles qu'on trouve chez Homère et Hésiode.

Les Présocratiques se consacrent pour la plupart à l'étude de la nature (physis en grec ancien), ce qui fait qu'Aristote les désigne par le nom d'anciens « physiologues », et qu'on les appelle parfois les anciens « physiciens », plutôt que « philosophes ». Ils étaient d'ailleurs en général des savants polyvalents, à la fois géomètres (théorèmes de Thalès et Pythagore), astronomes, et intéressés par les phénomènes biologiques. Leur principal apport est de chercher à expliquer l'origine et la formation du monde, non plus par des mythes ou des fictions, mais par des concepts rigoureux, c'est-à-dire par la raison au détriment de l'imagination, inaugurant ainsi les prémisses de la science naturelle. Ce phénomène majeur a été thématisé par certains historiens comme le passage de la civilisation du mythos (la fable) au logos (la raison), c'est-à-dire des mythes à la science

La plupart des présocratiques avaient publié des traités « Sur la nature » qui n'étaient autres que des cosmogonies, rédigées pour la plupart en vers — ce qui montre que beaucoup restaient encore fidèles à la tradition poétique. Par les fragments et les citations qui nous sont parvenus, on sait que, dans ces traités sur la nature, les Ioniens cherchaient un principe (en grec, « archè ») pour expliquer la formation du cosmos et l'existence de la vie : pour Thales ce sera l'eau ; pour Anaximène, l'air ; pour Héraclite, le feu ; pour Empédocle, ce seront les quatre éléments tout à la fois, se combinant entre eux ; pour l'école atomistede Leucippe, ce seront les atomes et le vide. Le principe de l'organisation du monde est ainsi identifié dans les éléments premiers de la matière. Mais d'autres trouveront ce principe ailleurs que dans les éléments physiques : ainsi, pour Anaximandre, le principe est l'infini ; pour Pythagore, c'est le nombre ; pour Anaxagore, l'esprit.

On peut donc voir, dans le niveau d'abstraction atteint par ces recherches de « physique », l'origine des réflexions plus « métaphysiques » que menèrent les Présocratiques sur la nature de l'être. En effet, Héraclite en vient à dire que c'est la mobilité qui caractérise l'univers, car toutes choses ne cessent de se renverser dans leur contraire (mobilisme). Parménide et les Éléates affirment au contraire que l'être est immobile, absolument identique à lui-même, parce qu'ils refusent l'existence du non-être. Quant à l'École pythagoricienne, s'appuyant sur l'idée que le cosmos obéit à des harmonies numériques, elle cherche à percer les mystères de la nature par l'étude des nombres et sera aussi à l'origine de la musicologie.

COMMENTAIRES

On oublie trop souvent que la naissance de la philosophie a correspondu à celle de la physique et de la mathématique quand l’approche de la nature fut laïcisée, que les dieux s’y absentèrent et que la première cosmologie matérialiste remplaça les mythes pour inaugurer le règne de la raison. En ce temps là existait peu la division du travail et des savoirs et un penseur pouvait tout à la fois être philosophe, mathématicien physicien et poète. Descartes, Pascal, Leibniz furent les derniers continuateurs de cette tradition universaliste qui oeuvrèrent tout à la fois dans les champs de la science et de la philosophie.

Depuis, s’est opérée sur le modèle biologique une sorte  de scissiparité par division de l'unité des savoirs, chacun prenant spécialité et pouvoirs sur une tranche de plus en plus fine de la connaissance et nul ne peut plus entrer dans le domaine de l’autre s’il n’est géomètre en cette discipline. Nous pourrions dénoncer avec Proudhon que « la propriété c’est le vol » tant la possession d’un savoir ou d’une « propriété intellectuelle » s’apparente à une prise de possession sur le savoir universel. Mais la question serait plutôt de rechercher s’il n’existe pas une sorte de remède à cette maladie de la connaissance et s’il n’est plus possible de retrouver la belle unité originelle, quand la cosmologie s’exprimait en poésie, quand la physique était toute philosophique. Cette belle unité originelle serait-elle à jamais perdue et le progrès des sciences n’aurait-il engendré que des regrets ?


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