Les derniers épisodes sont marqués par le problème de la confidentialité de l’information, qui est depuis toujours lié au modèle économique d’Internet. Lors de la bulle Internet on appelait cela la question de « l’infomédiaire ». Celui qui possédait des données sur une personne possédait une partie de son patrimoine. En effet, cette information trahissait certainement les goûts de la personne et permettait donc de savoir quoi lui vendre. Il semblerait que l’intérêt de Facebook pour le mail vienne de là : le mail serait porteur de plus d’informations commercialement utiles que ce qu’il possède déjà.
Compléments :
- Sur les infomédiaires : voir les travaux de John Hagel. Mon expérience avec Amazon USA montre que l’idée d’infomédiaire peut être qualitativement pertinente : les suggestions de livres qu’il fait sont judicieuses. (Malheureusement, j’achète chez Amazon France, qui visiblement possède peu de lecteurs qui me ressemblent.)
- J’ai découvert que Facebook permettait de suivre ce que font ses proches distants, sans les bombarder de mails. Un publicitaire m’expliquait que c’était la raison pour laquelle les grands parents s’intéressaient à Internet : rester en contact avec leurs petits-enfants. Mais est-ce que ceux-ci sont d’accord ? Dans la vie hors ligne on peut tenir des conversations différentes, voire contradictoires, à différents types de personnes. Ne plus pouvoir le faire ne risque-t-il pas de limiter Facebook, par exemple, à des échanges aseptisés ? Mais peut-être y aura-t-il application du « paradoxe du décolleté » dont me parlait un conducteur de taxi, lors d’une discussion philosophique. La femme qui le porte ne conçoit que la séduction qu’elle exerce sur sa cible, non le regard concupiscent du libidineux. Le membre de Facebook ne concevra-t-il toujours que des conséquences favorables à ses écrits ?