Posté par lediazec le 3 janvier 2011
Avec son modeste 4 %, Christian Estrosi se situe dans le ventre mou de ce classement, juste derrière la dondon Bachelot, forte de sa gestion H1N1. Pas content de ce classement, très en dessous de sa valeur, le député-maire UMP de Nice, prépare d'ores et déjà la saison prochaine, la haine chevillée au corps. C'est en boulet de canon qu'il ouvre les hostilités. Confituré d'une mélasse abjecte, il s'apprête à déposer dès la rentrée parlementaire une proposition de loi visant à abaisser la majorité pénale à 16 ans. S'appuyant sur l'idée qu'on puisse devenir député dès l'âge de 18 ans, monsieur Estrosi devance les précurseurs en matière punitive et convoque la presse pour un show des bas instincts ! Faisant feu de tout bois, il préconise que ces mineurs soient jugés par des « tribunaux de droit commun » et, de fait, condamnés comme des adultes, modifiant l'ordonnance de 1945, trop laxiste à son goût, car « la peine qui leur est appliquée est divisée par deux par rapport à des majeurs, sauf exceptions ».
Comme souvent devant l'inefficacité du politique à proposer des projets de société dignes de ce nom, le chemin le plus court étant aussi le plus radical, pourquoi ne pas transformer, une fois pour toutes, les écoles en univers carcéral ? Par ricochet cela aurait l'avantage de désencombrer les prisons françaises dont le niveau de saturation a atteint depuis longtemps sa cote d'alerte et inquiète même les autorités européennes. En supprimant l'Éducation Nationale et tout autre forme d'enseignement, les économies dégagées pouvant très bien servir à créer des emplois de garde-chiourmes et à transformer les bâtiments scolaires en prison. Pourquoi ne pas imaginer une puce électronique pour les nouveau-nés, afin de détecter dès le plus jeune âge leurs tendances à faire le mal ? Au troisième jouet brisé, ni une, ni deux, direction les galères ! On conduirait les forçats par voie maritime loin, très loin de notre bienheureux hexagone, dans un endroit qui ne leur laisserait aucune chance d'échapper à une justice expéditive. Ici, par exemple. Mais il n'y a pas que là. En y cherchant bien, comme le signale l'organisation Survival International, il existerait dans le monde « une centaine de groupes humains totalement isolés »… Et tout aussi expéditifs ?
D'ici à la présidentielle s'étalera la palette de la surenchère, chacun cherchant, non pas construire, mais à se maintenir coûte que coûte. Il va nous falloir méditer cette phrase de Miguel de Unamuno, philosophe espagnol, mort en 1936 à Salamanque, s'adressant à des fascistes, si nous voulons éviter la dérive dangereuse qui s'annonce : « Vous vaincrez parce que vous possédez une surabondance de force brutale, vous ne convaincrez pas parce que convaincre signifie persuader. Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat. »