SUR LA BERGE.
Découvrir des mots
les sentir les toucher
s'en parfumer la bouche
les scander en alternant les silences
les contempler vibrer flotter dans l'air
les entrecouper créer la surprise
du « que cela veut-il dire »
travailler la syntaxe extorquer à la sémantique
ses jus la rendre transparente
aux arabesques de vos objets
décoratifs
ô mes consœurs
mes frêles confrères
quel plaisir exquis vous découvrez-là
à faire ainsi de la poésie
par ci par là une nostalgie
une réflexion – un songe qui bouge
agitant la surface de vos jours desséchés
une entorse au sens, absconse
et pas de rime c'est obsolète
on est affranchi à vie on est poète
contemporain
Des aventures sans but ni retour
des suicides par la pensée
des tueurs en série de l'esprit
des tortures de la chair de l'âme
des âpres labeurs du repentir
des morts et résurrections dont vit la poésie
vous n'en savez rien
tant mieux je vous bénis
heureux prétendants
tenez-vous bien sur la berge
loin du tourbillon qui de l'abîme projette
au-delà du vide interstellaire
restez ainsi
indéfiniment
sans même y regarder
vous vous briseriez
à y entrer
Quant à vous mes amis vous en faites pas pour moi
oui j'expierai aussi ce dernier péché d'orgueil
comme toutes les autres
tentations
dont je n'ai pas demandé à notre père
de ne pas m'y soumettre