L'innocent

Avant de reprendre un rythme un peu plus régulier, je reviens brièvement sur mon billet précédent intitulé À bas les normes. J’y suis conduit par un entrefilet paru en page deux dans Le canard enchaîné du 29 décembre. Sous le titre Le médiateur de l’Élysée, l’auteur de l’article signale que « l’affaire du Mediator empoisonne l’Élysée » et que le chef de l’État redoute « que le scandale ne se transforme en affaire Sarkozy». Toujours selon cette source, Nicolas Sarkozy aurait reconnu « j’ai été l’avocat de Servier, comme je l’ai été de dizaines d’autres clients. Je n’ai rien à me reprocher en ce qui concerne mon travail de conseil.»

Après ce propos, nous nous trouvons devant l’alternative suivante : ou bien notre Président est un innocent, ce dont je doute fort, ou bien il joue fort mal la comédie. Comment aurait-il pu croire une seule seconde qu’il avait été choisi par Servier au vu de ses seules qualités d’avocat qui, incontestablement doivent être grandes, surtout si l’on considère une aisance à manier le français sans doute fort utile dans la rédaction de contrats ?

M. Sarkozy était maire de Neuilly-sur-Seine. Il avait été député des Hauts-de-Seine, ministre du budget et il a la candeur de tenter de nous faire croire qu’il n’avait décelé aucune arrière-pensée dans la démarche d’un important laboratoire pharmaceutique qui venait le choisir comme conseiller.

Non, Servier n’a pas été son client comme des dizaines d’autres. L’examen des livres de son cabinet permettrait sans doute de vérifier si les clients que ses fonctions d’homme politique responsable lui permettaient de traiter se comptaient par dizaines et si l’importance de Servier en faisait vraiment un client comme les autres. De plus, il est possible, voire probable, que ses autres clients étaient aussi, sinon surtout, séduits par la carte de visite politique de l’honorable Sarkozy.

On mélange les genres, soit ! Qu’on en accepte les risques et, si nécessaire, paye !