Sur ce pavé (entouré en rouge), dont on ne sait s'il est une publicité, si l'annonce provient d'un tiers ou de Facebook, il m'est indiqué que "l'état de protection de mon compte est très faible" :
Un lien me propose "d'augmenter le niveau de protection de mon compte" :
Sans toujours savoir s'il s'agit d'une application tierce ou d'une recommandation de Facebook, une boite de dialogue m'informe que, pour obtenir un niveau de protection élevé, je peux accomplir les trois actions suivantes : - ajouter une seconde adresse électronique- confirmer mon numéro de mobile- actualiser la réponse d'une question de sécurité
L'étape n°1 consiste donc à fournir à Facebook une deuxième adresse électronique :
Selon eux, cela protège mon compte si je ne peux plus accéder à mon adresse électronique principale. Il se peut également que ce type d'information serve à rapprocher des comptes facebook dont l'adresse mail serait différente mais dont les auteurs ne feraient finalement qu'un.
L'étape 2 consiste à fournir un numéro de mobile :
et même s'inscrire à Facebook Mobile, toujours parce que le niveau de protection de mon compte est "très faible"...
Enfin, la troisième étape consiste à choisir et répondre à une question de sécurité :
Je vous laisse le soin de les lire :
- quel était le nom de famille de votre maîtresse de CP ?
- dans quelle ville votre mère est-elle née ?
- quels sont les cinq caractères de votre permis de conduire ?
- dans quelle rue habitiez-vous quand vous aviez 8 ans ?
Le propre de ce type de question est d'être particulièrement personnelle ; si les gens répondent à ce type de question, il est probable que les réponses qu'ils donnent soient exactes (quel intérêt de répondre à une question dont nous ne nous souviendrions plus de la réponse - autant ne pas répondre).
Si l'on résume, en trois étapes, et sous couvert de "protection de mon compte", Facebook a pu rapprocher deux emails, voire plus, avec un numéro de téléphone portable. Pour un réseau social, la valeur est dans la donnée personnelle. Plus elle est "riche" et surtout "certifiée", plus ces données permettront d'affiner le profil marketing de ses membres.
Avec ce petit programme, positionné comme une publicité sur sa page, Facebook continue de qualifier une base de donnée qu'il peine à monétiser à la hauteur de ses ambitions. Lorsque Jean-Nicolas Reyt s'est livré en juillet 2010 à un petit calcul portant sur les chiffres publiés par Facebook, il n'a pu que relever un certain nombre d'incohérences (par exemple, Facebook prétend avoir 1.6 millions de membres résidant à Oslo. Le hic? La capitale Norvégienne ne compte que 600.000 personnes). En Ile-de-France, nous serions 92% à utiliser Facebook...ou encore, un article de Zdnet nous apprend que "la ville de Bordeaux qui recense une population de 250 000 habitants hébergerait 400 000 membres". En fait, Facebook utiliserait les données fournies par les opérateurs pour la base RIPE (registre régional d'adresses IP) qui tient compte de la localisation du concentrateur ADSL et non de la position de l'internaute.
Peut être que Facebook passe ainsi de l'identification de ses membres à leur authentification : dédoublonner les comptes, rattacher plusieurs mails à un profil principal, affilier plusieurs profils à un même numéro de téléphone portable etc. Les 500 millions de membres actifs dans le monde annoncés en juillet 2010 par le réseau social pourraient s'avérer être un chiffre
Ce qui m'embête, c'est que cette qualification marketing est présentée comme un moyen de "protéger son compte", "de m'offrir une meilleure sécurité" et que l'incitation à mettre à jour ces informations est fortement recommandée puisque mon compte bénéficie d'une "protection globale très faible".
Tous les grands acteurs du web se mettent en ordre de bataille pour s'affronter sur le terrain de la prochaine bulle : la publicité locale et comportementale. Facebook vient de lever 1,5 milliards de dollars auprès de Goldman & Sachs et Digital Sky Technologies, valorisant la société 50 milliards de $ alors qu'aux Etats-Unis, à l'occasion d'une réunion d'une commission sénatoriale sur la vie privée en ligne, le président de la FTC, Jon Leibowitz déclarait "Nous avons le devoir de demander si les millions d'américains comprennent bien quelles informations sont récoltées à leur sujet et si oui ou non ils ont la possibilité de stopper certaines pratiques". (source)
En attendant, la récolte continue, par n'importe quel moyen, et la meilleure manière de collecter des infos personnelles sur quelqu'un reste toujours celle de les lui demander...