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Ségolène Royal travaille à l'élaboration d'un pacte démocratique dans des conditions d'autant plus difficiles que la société française est devenue une société paradoxale.
Trois enquêtes récentes établissent le désarroi actuel de l'opinion française :
1) L'enquête Ifop / Le Monde sur les regards croisés sur l'Islam. L'opinion française vit l'Islam comme une menace globale au-delà de l'opinion allemande. Mais ensuite, sur chaque question détaillée, ce jugement global est nuancé par des appréciations plus favorables en France qu'en Allemagne.
2) Même remarque sur le pessimisme ambiant : les Français battent des records sur l'appréciation globale de pessimisme mais appliqué à la situation individuelle ce pessimisme devient considérablement plus modéré. L'opinion peut alors être résumée de la façon suivante : " tout va très mal, mais moi à titre personnel je pense m'en sortir".
3) Même remarque sur les bilans de mi-mandat dans les Communes. Le jugement global est plus sévère que d'ordinaire. Mais la même question appliquée à "mon quartier", et non plus à la ville en général, ne recueille plus la même appréciation.
Ces décrochages entre le général et le particulier témoignent d'abord d'une peur bien davantage que d'un mal.
La société française a peur. Cette angoisse globale sera l'un des défis de la présidentielle 2012. Comment y répondre quand des réponses aussi paradoxales sont nées ?
C'est probablement l'espace privilégié pour Ségolène Royal qui s'est positionnée sur le créneau de la protection. Il reste à surveiller comment elle va traiter la différenciation entre l'angoisse collective et la relative sérénité individuelle, entre la peur du lointain et la relative opinion positive du proche.