Le protectionnisme est-il compatible avec le libéralisme ?

Il y a quelques temps, le Figaro magazine organisait une interview-débat avec Pascal Salin et Hakim El Karoui, « Pour ou contre un protectionnisme européen ? ». El Karoui, sur un mode pragmatique et politique, y défendait une dose de protectionnisme à l’échelle européenne, et Salin expliquait, sur un mode philosophique et économique, en quoi le protectionnisme n’est pas défendable. Deux auteurs de ce blog, Zorro et LOmiG, tous deux de tendance libérale, rejoignaient respectivement les positions de Karoui et Salin. Nous avons donc écrit un court texte chacun pour y expliquer notre position, et lancer la discussion. Alors, le protectionnisme est-il contradictoire avec la notion de libéralisme ?

Pour une dose de protectionnisme, par Zorro

Les Etats bénéficient de privilèges historiques ou géographiques qui créent des conditions asymétriques de concurrence. Les Etats-Unis bénéficient du monopole de l’émission de la monnaie mondiale, la Chine et l’Inde bénéficient de l’avantage décisif d’une immense main d’œuvre à coût très faible, certains pays bénéficient de réserves quasi exclusives de matières premières (Chili et cuivre, Arabie Saoudite et pétrole, Bolivie et lithium…), d’autres enfin ont l’avantage de bénéficier de conditions climatiques plus propices au développement. La liste des asymétries pourrait être longue. Ce qui est important pour notre discussion c’est de savoir si de telles asymétries sont acceptables sans rectification dans le cadre d’un libéralisme mondial ou si, au contraire, il faut envisager certains protectionnismes pour limiter les avantages de certains ou favoriser ceux qui sont trop pénalisés. Pour ma part, à moins de ne pas concéder à tous les humains les mêmes aspirations, il m’apparaît inévitable de faire jouer transitoirement certains protectionnismes dans le cadre d’un libéralisme général souhaitable.

Contre le protectionnisme, par LOmiG

Le protectionnisme est une intervention de l’Etat dans l’économie, consistant à protéger certains producteurs de biens ou de services contre la concurrence étrangère. Le but affiché est généralement de conserver sur place l’emploi de secteurs d’activité vieillissants, ou bien de permettre à des secteurs d’activités naissants de se développer à l’abri.

Il s’agit d’un choix politique : protection d’un secteur fragile, au détriment des secteurs florissants. Les secteurs ainsi « protégés » le sont au détriment des autres. L’argent dépensé ici pour payer plus cher des produits, ne le sera pas ailleurs. Ce choix empêche donc les adaptations conduisant à une utilisation optimale des ressources. Il fausse le marché en perfusant des secteurs, et en handicapant d’autres. Ce qui nuit à la création de richesses, comme aux consommateurs.

Par ailleurs, c’est une atteinte aux droits individuels : chacun doit avoir le droit de commercer tranquillement avec qui il le souhaite. Le commerce n’est pas la guerre, et montrer le libre-échange comme une source de menace, c’est accepter de facto une logique socialiste. Le protectionnisme est donc en opposition avec le libéralisme.

Votre avis ?

Alors, avec qui êtes-vous plutôt d’accord ?

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Et surtout, venez préciser vos arguments dans la zone de commentaires : nos deux petits textes ne visaient qu’à lancer le débat !

Article paru sur Expression Libre, membre du Reseau LHC.