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La tolérance aux pratiques cruelles et infâmes

Publié le 05 janvier 2011 par Taomugaia

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La tolérance paravent de la lâcheté

Parole de conformiste prudent :
«Comment, vous voulez abolir la chasse, la torture tauromachique, les combats de coqs, tous les sévices et actes de cruauté envers les animaux domestiques et sauvages ?
Bien sûr, ces pratiques sont cruelles, arriérées, réservées à des hommes moins évolués que nous. Mais, il faut être tolérants. Après tout, ces amateurs de jeux et spectacles sanglants sont nombreux, très présents dans les populations autochtones dont nous devons respecter la Culture ! ».
Et votre interlocuteur modéré, pondéré, adepte du juste milieu, tolérant à souhaits passera vite à autre chose, évacuant, au nom de sa grande tolérance, l’indignation qui effleura un instant sa conscience assoupie.
Le même conformiste formaté, transporté dans les siècles passés, aurait exactement tenu le même discours si un radical, un extrémiste, un réfractaire avait osé, incongruïté dans la bonne société du temps, prôner l’abolition des ordalies, du bûcher, de la Question préalable et préparatoire, du bagne, de l’esclavage, de la peine de mort.
« Abolir ! Vous n’y songez pas, mon cher, cela participe de nos mœurs et de nos lois. Nos pères le faisaient ainsi que les leurs et cela relève de notre culture immuable ».
qu’est-ce qui fonde cette magnanime tolérance ?
D’abord, un pessimisme foncier sur l’humain perçu, par notre conservateur résigné, comme indécrottablement cramponné à ce qui fut.
Surtout, par-delà cette soumission aux habitudes et pesanteurs sociétales, cette tolérance marque une nauséabonde lâcheté.
C’est qu’il n’y a pas que des amis à se faire à dénoncer les crimes du temps.
Les adeptes des pires exactions s’y adonnent avec une passion proportionnelle à l’horreur du crime.
En outre, derrière toute pratique féroce, sanguinaire, négationniste des droits du vivant, s’alimentent de sordides intérêts financiers et politiques.
Des lobbies veillèrent hier et perdurent, aujourd’hui, à maintenir les ordalies, les bûchers, la torture, l’esclavage, le bagne, la chasse et autres jeux sanguinaires.
Nos tolérants ne manqueraient pas, sous d’autres cieux, d’accepter l’excision des petites filles, la lapidation de la femme adultère, le tribalisme génocidaire au nom des traditions et de la sage acceptation de la « Culture de l’autre », du relativisme qui n’est qu’un nihilisme anesthésiant.
Or, ces tolérances valent les crimes qu’elles admettent.
Le vice se pare ici d’une vertu qui n’a pas sa place lorsqu’une vie, la liberté, la sensibilité d’un être sont en balance.
Qu’ils sont ridicules ces pantins de la pensée avec leurs « traditions », leurs « cultures » de pacotille, alibis débiles de l’instinct de mort.
Oui, la tolérance est vertu lorsqu’elle protège autrui dans sa liberté de moeurs, de convictions, de modes de vies.
La tolérance n’est que le paravent de la lâcheté lorsqu’elle aboutit à laisser perpétrer des actes de cruauté à l’encontre d’un être sensible, humain ou non humain.
Là gît le grand débat censuré de notre époque.
Contre les vieilles idéologies, l’anatomie comparée, la paléontologie, la théorie de l’évolution, la génétique moléculaire révèlent une unité du vivant, dans la foisonnante diversité des espèces.
Dès lors, ceux qui nient les droits de l’animal non-humain abaissent l’homme, alors que nous, inversement, militons pour le rapprochement par le haut de la condition de tout être sensible.
J’aime ceux qui ne tolère ni la guerre, ni la peine de mort, ni la torture, ni le génocide, ni les mutilations superstitieuses, ni la chasse, ni la tauromachie.
J’ai même, sentiment insurmontable, plus de mépris pour les « tolérants » quepour les malheureux attardés qui tuent, traquent, s’amusent de la souffrance et de la mort.
C’est que les premiers n’ont pas l’excuse de l’ignorance.
Ils savent l’horreur et l’absurdité de la faute morale, mais seul leur manque de courage les dissuade de se lever pour condamner les abjections de leur époque, alors qu’ils célèbrent avec pompe les abolitions obtenues dans le passé par de redoutables radicaux.
Honte à leur tolérance intolérable !

Gérard Charollois- CV&N


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