Manuel Valls : nuisible au PS, mais utile au débat.

Manuel Valls, c'est l'aile droite du PS, à l'instar d'un Jean-Marie Bockel avant que celui-ci ne décide d'être au clair avec ses idées. Il suffit de reprendre certaines de ses phrases sur la sécurité ou la mixité sociale (souvenez-vous, "tu me mets quelques blancs, quelques white, quelques blancos..." !) pour comprendre que le maire d'Evry est à la gauche ce que le ketchup est à la blanquette de veau  : une faute de goût. Du coup, sa proposition de revenir une fois de plus sur les 35 heures n'a rien de surprenant, mais elle met son parti dans l'embarras le plus total, tout en étant bénéfique pour le débat d'idées.

L'embarras du PS est très facile à comprendre. Tout d'abord parce qu'à neuf mois des primaires qu'il a décidé d'organiser, les coups bas ont déjà commencé, et qu'à ce rythme là, le parti risque d'arriver à la présidentielle complètement laminé.

Ensuite et surtout parce que Mr Valls, en s'inscrivant à contre courant de ce qui a toujours été la ligne directrice de toute la gauche depuis plus d'un siècle, à savoir l'amélioration des conditions de travail et de vie ainsi que la hausse du niveau de vie, Mr Valls donc, met en lumière les errements idéologiques et les abandons de son parti. En indiquant clairement que certains socialistes (parce que malheureusement il n'est pas seul) sont partisans du libéralisme et rejoignent donc en cela une bonne partie de la droite, Mr Valls jette le trouble sur toute une frange de l'opinion déjà dubitative envers le PS et qui pourrait fortement faire défaut en 2012. Les caciques du parti l'ont d'ailleurs bien compris, puisqu'ils ont rapidement sortis les lances à incendie.

Pour autant, il en est à gauche, ceux qui ne sont pas résignés, qui croient encore que le politique peut prendre le pas sur le pouvoir économique, ceux là ont peut-être quelques raisons de se réjouir.

En premier parce que Manuel Valls a remis la question sociale au centre du débat, question ou en principe, Mélenchon, Besancenot ou le PCF (puisque c'est à eux que je pense) sont à l'aise et crédibles, en tout cas bien plus que lorsqu'il s'agit d'expliquer qu'on essaie de nous manipuler avec la question sécuritaire.

Ensuite, et dans le même ordre d'idées, parce que ce qui se cache derrière la question des 35 heures, c'est celle des salaires qui stagnent depuis plusieurs années. Or, sur ce sujet la droite et Nicolas Sarkozy ne peuvent plus être crédibles. Jean-Luc Mélenchon l'a d'ailleurs bien compris, lui qui ce matin sur France Inter a tout de suite embrayé sur le sujet.

Manuel Valls a donc doublement joué contre son camp. Il a renforcé l'idée selon laquelle droite et PS, c'était la même chose, et dans le même temps, il permet à la gauche, la vraie, de se démarquer et de continuer à clamer haut et fort que d'autres choix politiques sont possibles.

Allez Manuel, continue comme ça, et le PS verra encore le second tour à la télé en 2012. Et peut-être que la surprise ne sera pas le FN, qui sur les questions socio-èconomiques n'a rien à dire.

Sur le sujet :

Le lien était tout trouvé, je vous propose d'aller lire ce que jean-luc melenchon a pensé de Manuel Valls sur son blog. On y trouvera aussi la vidéo de son intervention de ce matin.

voie militante rappelle à juste titre certaines déclarations de Mr Valls.

A perdre la raison propose un sondage : Manuel Valls doit-il être exclu du PS ?

D'ailleurs Rose-rouge indique qu'au PS certains demandent son exclusion.

Sur le web :

Le journal des tueurs net a changé de formule, et c'est encore mieux qu'avant.

Les échos de la gauchosphère se réjouit que la CGT refuse d'aller aux voeux présidentiels.

pensee libre s'interroge sur les raisons du déclin du PCF.

du bleu dans mes nuages nousfait découvrir le peintre portugais  Baruch Lopes Leao de Laguna.

dasola a vu "Another year" et s'est réconciliée avec le grand Mike Leigh.