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Les cinq dernières minutes ou la découverte du coupable

Publié le 07 janvier 2011 par Ruminances

Posté par lediazec le 7 janvier 2011

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Le 15 octobre dernier, je me souviens, j'étais dans mon lit,  je matais la téloche. Il faut vous dire que mon plumard fait office de duplex : je lis, je baise, je mange des yaourts à fort pourcentage de matière grasse – ils ne sont pas chers –, je lis des choses sérieuses ou je m'endors avec des conneries aussi assommantes que l'inspecteur Derrick ou un article du nouvelobs. Ma belle-mère y est abonnée et de temps à autre je m'avachis à sa lecture. Une demi-heure plus loin je m'éveille à la réalité comme un forçat découvrant qu'il est toujours dans sa paillasse, une mer turquoise se dissipant sur le mur sale de sa carrée.

Ayant quitté l'équipe de Canal midi parce qu'elle me gonfle à force de légèreté forcée et de festivité à un centime d'euro, je me concentrais sur les 5 dernières minutes du JT de France 2 et sur l'invité du jour Jean-Paul Guerlain. J'aime beaucoup m'attarder sur ces personnages de la mode, comme Lagerfeld, que je regarde comme on observe des extraterrestres venant nous faire un coucou extra-planétaire, attifés avec excès et imbus d'une supériorité ridicule.

J'aime le concept des 5 dernières minutes du JT de la 2. Rien à voir avec la série éponyme, cette série d'enquêtes où le spectateur accompagnait le commissaire Bourrel et son assistant Dupuy tout au long de l'enquête pour enfin découvrir le coupable et dont les premiers épisodes furent diffusés par feu l'ORTF.

Ici, il s'agit du journal d'information d'une chaine nationale où, en toute fin de partie, on invite des cinéastes, des acteurs, des musicos ou une personnalité du showbiz pour parler de son actualité. C'est le moment de détente, après avoir tout fait pour être agréable à ses supérieurs en faisant croire au quidam proche de sa sieste que tout va bien ou pas trop mal. Ou de mal en pis,  selon l'humeur des dirigeants politiques, toujours soucieux de propagande.

C'est le moment où chacun fait plaisir à l'autre en vendant sa came. Rien de méchant, que du plaisir. La société de consommation et du spectacle se livrant à une ronde banalisée. C'est dire si Élise Lucet était décontractée en recevant Jean-Paul Guerlain pour l'interroger sur son actualité du moment. On babille gentiment, on s'extasie, c'est le clap de fin, tout le monde range son matos et on s'apprête à passer à autre chose. Moment choisi – de façon naturelle – par Guerlain, sapé comme un milord, les orteils manucurés, pour déclarer, à propos du boulot que son affaire représente : « Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin… »

Entendant cela, j'avoue être resté sans voix, tout comme Élise Lucet ! La chose était tellement énorme dans sa banalité que le temps de réaction est infinitésimal et, pour tout dire, désarmant. Bouche-bée que j'étais.

Aussitôt entendue, diffusée, relayée et abondamment commentée, cette déclaration a fait monter le niveau des océans et de la nausée aussi, tant la banalisation du propos était criante. Du fascisme ? Pas du tout, monsieur Guerlain est un extraterrestre et le fascisme tel que vécu, traversé et subit au cours de l'histoire par des millions d'humains n'est pour lui que chose naturelle, puisqu'un nègre, dans son esprit, n'est qu'un sous-homme !

Monsieur Guerlain ? Aucun problème : « quand il y a un ça va… C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes ! » comme ne le dirait pas monsieur Hortefeux !

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