On entend depuis quelques semaines, voire quelques mois, sur toutes les chaînes (télé), sur toutes les stations (radio), dénoncer le populisme de certains leaders politiques. Toujours, implicitement, cela en arrive à présenter l’Ump, le PS et les “centristes” (innombrables en cette période) et leurs représentants comme des organisations politiques sérieuses, dotées de leaders responsables, et des populistes, généralement le Front National et le Parti de Gauche de JL Mélenchon, EELV étant classé dans la catégorie des catastrophistes.
Précisons que je n’ai pas de sympathies particulières pour JL Mélenchon avec lequel je partage certes certains points de vues, mais avec lequel aussi j’ai de sérieuses divergences.
Le mot populisme a été utilisé il y a un siècle et demi, pour caractériser le combat des agriculteurs des USA protestant contre les taux d’intérêt trop élevé et les facilités foncières accordées aux compagnies de chemin de fer; il me semble, actuellement, être utilisé à tort et à travers.
Le populisme, selon les définitions classiques, s’en prend aux élites, parisiennes, financières, médiatiques, … qui, ayant atteint des positions enviables, privilégient leurs intérêts au détriment de l’intérêt général. Des extensions de cette définition pointent aussi ceux qui s’en prennent à des minorités quelconques (ethniques, de moeurs, professionnelles, …) désignées comme boucs émissaires des maux de la société.
Qu’en est-il lorsqu’on constate par d’innombrables faits et affaires qu’une ploutocratie est au pouvoir en France ? Qu’en est-il lorsqu’on constate que depuis bientôt 20 ans, les inégalités s’accroissent et que les riches deviennent plus riches au détriment des autres ? Est-ce être populiste que de le dire et dénoncer ?
Mais qu’en est-il de celui qui opposait ceux qui se lèvent tôt aux autres ? Celui qui voulait réhabiliter le travail et a, dans les faits, privilégié la rente ? Celui qui devait aller “chercher la croissance avec les dents” en voulant importer les subprimes en France ? Celui qui désignait les fonctionnaires comme les responsables du déclin français ? Celui pour lequel les “Roms” et ou plus généralement les étrangers sont la cause de l’insécurité ? Celui qui n’a, tous les trimestres, pas de mots assez durs contre les voyous mais qui laisse les cités aux mains des dealers ? Est-ce là du populisme ?
En réalité, il semble qu’un consensus politico-médiatique, le même qui appelait à voter “Oui” par tous les moyens au référendum sur la constitution européenne en 2005 persiste et entend faciliter l’entrée de la France dans la mondialisation financière en faisant payer aux peuples, partoutn l’enrichissement des plus riches auquel il se réduit trop souvent. Dans ce cadre, il est vital pour ces gens-là de mettre en scène sur l’ensemble des médias le seul débat politique “sérieux” entre l’Ump et le PS, mondialistes, protecteurs de l’ordre financier, productivistes dopés à la “croissance” et de discréditer les autres comme populistes de divers ordres.
Cette escroquerie intellectuelle va monter en puissance jusqu’en 2012. Va-t-elle prendre ? Cela dépend de nous.
- “La pauvreté guette nombre de familles monoparentales”, Le Monde.
- Pierre Larrouturou: “Non, il n’est pas vrai qu’on travaille moins en France qu’ailleurs”, Le Monde.
- “Sarkozy et la justice : petites phrases et grosses pressions”, Rue 89.
- “L’euro fort nous a coûté 403 milliards d’euros. Cash!”, Marianne.
- “Les riches, toujours plus riches”, Alternatives Economiques.