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Les étudiants chinois se battent pour leur avenir

Publié le 07 janvier 2011 par Mcetv

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Entassées à la périphérie des villes dans des logements de misère, les « Fourmis », ces jeunes Chinois qui luttent pour se faire une place dans la société, inquiètent les autorités

 

Le phénomène des fourmis

Alors que la montée en gamme de la deuxième économie mondiale repose sur les gros bataillons de jeunes diplômés, ces derniers souffrent et se battent pour se faire une place dans la société. Quand la stabilité sociale est la priorité absolue, les frustrations de millions de jeunes dans l’impossibilité de trouver un métier satisfaisant sont une menace potentielle.

Le phénomène a aujourd’hui un nom, celui des  fourmis. En 2010, ce mot a été le plus recherché sur l’internet chinois, juste après la grippe h1n1. Le terme académique pour designer ces fourmis est « jeunes diplômés à bas revenus vivant en communauté ». Ils sont nés après 1980, ont entre 22 et 29 ans et leur salaire moyen mensuel avoisine les 2000 yuans (230 €).

Pour le sociologue Lian, on rencontre une similitude entre les étudiants déçus et les fourmis du monde animal : « Elles sont intelligentes et laborieuses, elles sont nombreuses et vivent en communauté serrées les unes contre les autres. Enfin elles sont petites et faibles et peuvent être écrasées sous le pied. Si on n’y fait pas attention, si on les laisse proliférer, elles peuvent causer de grandes catastrophes ».

Cruelle désillusion

L’idéologie selon laquelle la connaissance et la culture peuvent changer la vie est bafouée. D’ici 10 ans, ces étudiants seront les piliers sociaux du pays, comment vont-ils se comporter et éduquer la génération suivante après avoir été méprisés par la société ?

La plupart des familles chinoises ont sacrifié finances, temps, et santé dans l’unique but d’améliorer le rang social de leur enfant. Pour les étudiants, l’université est la clé de l’ascension sociale. Leurs maîtres aimaient citer un proverbe disant que « Chaque livre contient une maison d’or ».

Les autorités sont conscientes du problème qui fait écho à notre mai 68 : « Ils ont un bon niveau d’études et ils s’opposent au courant principal, ils veulent exprimer leur point de vue. Le gouvernement chinois doit faire attention à leur sort, s’il ne veut pas qu’ils brûlent un jour des voitures » .

En 2009, le premier ministre Wen Jiabo est venu à l’université de Pékin, rassurer les diplômés : « Chers étudiants, ne vous inquiétez pas, nous traitons en priorité le problème de l’emploi des jeunes diplômés ».

La plupart sont issus des régions rurales et des provinces défavorisées. Ils se dirigent vers les grandes villes pour étudier au prix d’énormes sacrifices financiers. Ils seraient plus d’un million, peut-être deux ou trois fois plus selon les critères pris en compte. Rassemblés par leur quête d’un emploi, ces jeunes diplômés se regroupent à la périphérie des grandes villes. Certains étudiants vivent dans le dortoir des écoles, dans des chambres de 2 m² louées 250 yuans par mois (29 €) équipées d’une télévision et d’un accès internet.

L’an dernier, cinq présidents de grandes universités chinoises ont lancé un cri d’alarme. En 2010, 6.3 millions de diplômés sont sortis de l’université et seront 6.5 millions cette année. On estime que seuls 36 % des étudiants pourraient trouver un travail.

Les « malheurs des fourmis sont une des grandes plaies sociales du pays ». Une problématique qui n’est pas purement chinoise…

Yann Sokamessou


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