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Yasmina Khadra, le trait d'union

Publié le 07 janvier 2011 par Sébastien Michel
"L'attentat" de Yasmina Khadra
éd. Pocket
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"Ecrire est, pour moi, un acte d'amour". L'amour pour affronter la folie des hommes, mais aussi pour leur faire comprendre qu'"il n'y a rien au-dessus de la vie d'un être humain." Yasmina Khadra est donc pour une littérature performative, une écriture qui agit sur le lecteur. L'auteur algérien, auteur de plus d'une vingtaine de romans, a reçu le 16ème prix Tropiques décerné le 21 mars passé, par l'Agence française pour le développement (AFD) pour la première fois au Salon du Livre. Après avoir récompensé de nombreux écrivains de renom comme Tierno Monénembo et Daniel Maximin, l'opérateur de développement dans le monde a décidé de soutenir un "livre courageux" , en l'occurrence L'Attentat (Julliard, 2005).
Yasmina Khadra, le trait d'union
L'histoire de ce roman se déroule en Israël où Amine est chirurgien. Ce palestinien naturalisé israélien et vivant à "l'occidentale" est le modèle de la réussite et de l'intégration. Le personnage central est rappelé à la réalité historique de manière violente. Un attentat suicide vient de se produire à Tel Aviv. Il est alors amené à soigner les nombreux blessés qui affluent dans son hôpital. On lui demande ensuite d'identifier le corps de sa femme... la kamikaze. Le ciel tombe sur la tête d'Amine. Il comprend qu'il vient d'être rattrapé par une guerre à laquelle il a tourné le dos toute sa vie.
Formé pour être soldat...Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohamed Moulessehoul, assume sa signature féminine. "Yasmina Khadra, ce sont d'abord les deux prénoms de ma femme", a-t-il souligné devant une foule nombreuse et enthousiaste. Le choix de garder ces prénoms est un hommage à la femme, notamment algérienne, "qui nous apprend à être des hommes". Mais c'est son passé militaire en Algérie qui l'a contraint à prendre un pseudonyme pour se protéger. En effet, Mohammed Moulessehoul a connu les années noires du terrorisme islamiste et il a assisté aux exactions dont se sont rendus coupables les militaires algériens. Exactions dénoncées avec courage par celui qui allait se faire le porte-parole de la paix dans le monde. Traduit dans plus de 20 langues, ce romancier francophone n'avait pourtant rien qui le destinait à la littérature, sinon son amour pour la poésie arabe. Né en 1955 dans le Sahara algérien, il intègre, à l'âge de 9 ans une école militaire où "on avait toujours besoin d'avoir un ennemi." Un enseignant français remarque l'intérêt que représentait la plume de son élève et l'encourage à lire L'Etranger d'Albert Camus. C'est la révélation. Le jeune Mohammed décide d'être écrivain.
"L'homme est de moins en moins intelligent". L'Attentat entre dans le projet d'une trilogie et se situe entre un roman sur l'Afghanistan (Les Hirondelles de Kaboul, Julliard, 2002) et un prochain sur l'Irak, ce qui fait dire au célèbre romancier Daniel Maximin, présent lors de la remise du prix, que l'écriture de Yasmina Khadra correspond aux aspirations de la littérature francophone qui"est à l'avant-garde de tous les combats contemporains."
L'Afghanistan, la Palestine, l'Irak, sont, selon Yasmina Khadra, trois espaces de conflits qui "corrompent les passerelles censées unir les hommes." Des passerelles que seule la littérature est en mesure de rétablir. Du moins aujourd'hui.
Article original écrit et publié par Ali CHIBANI

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