L'économie US a créé 103 000 emplois seulement en décembre contre 150 000 anticipé en moyenne par les économistes. Cette déception est néanmoins en partie contrebalancée par la révision de 39 à 71 000 des créations du mois de novembre. Sur un plan historique, le chemin parcouru depuis 2 ans est important mais l'évolution actuelle ne montre encore rien d'autre qu'une sortie de crise très lente.
Concernant l'analyse des chiffres mensuels, il faut également souligner une certaine retenue si ce n'est du doute chez beaucoup d'opérateurs compte tenu de chiffres qui vont du simple au triple entre cette publication et celle de mercredi qui faisait état de 300 000 créations dans le secteur privé.
Objectivement, en considérant une corrélation qui s'élève exactement à 0,94 (donc très élevée) sur longue période entre les chiffres de l'enquête ADP et ceux du bureau du travail divulgués ce jour, une forte révision le mois prochain est tout à fait envisageable.
Dans le détail, on retrouve sur différentes aspects ce profil d'évolution lente en demi-teinte. Tout d'abord, le secteur des services explique à lui seul la progression, la production de biens étant encore très légèrement dans le rouge, ce dernier subissant une évolution très contrastée entre le secteur manufacturier qui recommence à créer des emplois ( + 10 000) en phase avec les indicateurs avancés vus en début de semaine et le secteur de la construction à – 16 000.
Par le jeu des entrées et sorties du marché du travail, le taux de chômage officiel (mesure U-3 dans le tableau ci-dessus) s'améliore de 0,4 à 9,4 % mais grâce à un fort reflux de la population active qui perd 260 000 individus en un seul mois. Le nombre de chômeurs se réduit de 556 000 personnes sur un mois et va dans le sens de l'amélioration du nombre de nouvelles demandes d'inscription au chômage tout au long de décembre mais dans le même temps il faut considérer la tendance à plus long terme où la population active reste inférieure à son niveau d'août tout comme le nombre total de personnes ayant un emploi.
Concernant la mesure élargie du taux de chômage, c'est à dire U-6 dans le tableau ci-dessus, la tendance à la marginalisation et à l'éviction d'une partie de la population active se confirme puisque si le taux baisse à 16,7 %, le delta avec le chiffre officiel reste très élevé et s'accroît encore légèrement (7,3)
En effet, la population employée à mi-temps pour des raisons économiques (cas de baisse d'activité nécessitant un raccourcissement de leur temps de travail ou cas de personnes incapables de trouver autre chose qu'un mi-temps) ne baisse que très légèrement mais celle en lisière de la population active ou dite 'découragée' continue son ascension (2nd tableau)
Pas de quoi donc débloquer la situation à court terme pour le CAC 40 qui pivote une énième fois sur 3900 points, rompu bien avant la publication détaillée plus haut et qui n'a que renforcé l'hésitation ambiante. Le CAC 40 perd 0,99 %.
→ "Le CAC 40 n'arrive toujours pas à se rétablir vis à vis du traumatisme de début d'année lié à l'éclatement de la crise des risques souverains."
C'est en synthèse et en quelque sorte le résumé de la configuration actuelle (quitte à schématiser à outrance mais justement pour bien fixer les idées face à l'incertitude actuelle en ce début d'année)
Les acheteurs sont toujours incapables déborder les points où ils ont précisément lâché prise en début d'année (flèches rouges ci-dessous)
Pour ceux qui suivent le site depuis 2006-2007-2008, la configuration de marché est encore très loin de délivrer des signaux à long terme de la qualité de ceux initiés lors de la chute de 2008 puis lors du rebond. La probabilité d'évoluer dans un trading range reste assez élevée dans une perspective longue et l'une des plus fortes depuis la période 92-96 sur l'indice parisien. Mouvements directionnels moins marqués et chute de la volatilité rendent donc le suivi court terme toujours primordial.