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L'enfance c'est de croire qu'avec le sapin de Noël et trois flocons de neige toute la terre est changée.

Publié le 04 décembre 2007 par Monsieur L'Adulte

Houla le blizzard. Chaque fois qu'il fait tempête je cherche des yeux un Fort de glace à envahir juste avant de me rappeler que je suis un adulte et que la guerre des tuques, à mon âge, ça fait has been. N'empêche, ce matin ce n'était pas tant mes élections perdues qui me tenait à la radio que l'euphorie d'entendre toutes ces écoles fermées. En regardant par la fenêtre le vent donner une violente raclé aux flocons, j'imaginais les enfants du quartier, la goutte au nez qui se déverse sur leur sourire grand, enfiler leurs salopettes de neige avant de conquérir l'apocalypse blanche. Ce nouveau monde était le leur parce qu’ils en connaissait la valeur.

Puis, arrêtant mon élan une fois la tasse à café à hauteur de menton, de sorte que si ma vie était un film le réalisateur aurait crié «Couper!!! Simonac, on y voit pas la face barslac!», bref j’ai stoppé mon mouvement à hauteur de menton dans un éclair de lucidité frivole : qu’espérait-on en nommant un pantalon de neige ‘’salopette’’?!! C'était n'importe quoi. Y’avait dans un seul mot salope et pet, et je ne comprenais tellement pas pourquoi je n’avais rien remarqué à la glorieuse époque où, dans la cour à Ménard, j’avais un succès monstre auprès de mes amis, racontant les mystérieuses et dégueulasses légendes du Pays des Cacas (mettant souvent en vedette Jean-Benoît dans le rôle du Prince caca). Putain que ça m’aurait donné du bon matériel, les salopettes, non mais.

Misss l’Amoureuse, si elle n'avait pas été encore à demi endormie lorsqu’elle m'extirpa de ma méditation pour me passer le téléphone, aurait pu me trouver un brin louche, fixant d'un regard flou, avec un sourire niais, la tempête s’abattant sur ma ville ensevelie.

-Monsieur l’adulte?

Coup d’œil à l’horloge : 7h15. Tout les espoirs sont permis à 7h15, surtout avec la neige nous rappelant notre condition humaine.

-Hum hum.

-Ici collègue hyper arrogant faisant usage quotidiennement de sa face de chien de prairie à l’intérieur d’un fulgurant power trip dénonçant un déficit d’attention maternel jumelé à une homosexualité refoulée et une carence en amour propre.

-Hum hum j't'avais reconnu...

-Je t'informe que le bureau est fermé aujourd’hui, la tempête tu vois, avec la neige et tout, plus prudent et tout.

Coup d’œil circulaire tombant sur Misss l’Amoureuse qui m’indique d’un délicieux sourire en coin qu’elle a comprit, pendant que je retiens un gloussement de jubilation juvénile, un relent d’enfance qui m’explose le cœur en confettis.

-hum hum... pas que je ne t'aime pas, mais tu ne faisais pas nécessairement partie de mon idéal matinal alors je vais te laisser question de ne pas corrompre davantage une si belle journée... Merci.


J'ai raccroché, juste avant d’attraper au vol un soutien gorge en provenance de la chambre. Ainsi donc, la neige dispose du pouvoir de rendre au coeur, en un simple coup de fil, la joie naïve que les années d’adulteries lui ont implacablement arrachée.

Ce nouveau monde est le miens parce que j'en connais la valeur.

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