Le voyage du Directeur des Ressources Humaines
Publié le 08 janvier 2011 par Mpbernet
Ceux qui ont aimé Les citronniers adoreront ce nouveau film intimiste et plein d'humanité d'Eran Riklis, avec Mark Ivanir.
Même si on est une peu dérouté au départ avec l'hébreu sous-titré, on plonge dans l'univers quotidien d'un pays perpétuellement sur ses gardes. Il s'agit au départ d'un fait très banal en Israël : une jeune immigrée roumaine a trouvé la mort dans un attentat suicide, et personne ne vient réclamer son corps à la morgue.
Seul un journaliste fouineur apprend qu'on a retrouvé dans ses affaires sa dernière fiche de paye et écrit un article au vitriol sur l'inhumanité de la boulangerie industrielle qui l'avait licenciée quelques semaines avant l'attentat.
La propriétaire de la boulangerie charge le DRH de démontrer que l'entreprise n'est pas responsable et lui demande d'accompagner le rapatriement du cercueil jusqu'en Roumanie. Voilà un road movie d'un genre un peu particulier qui conduit le DRH, lui-même confronté à une crise conjugale, à improviser pour mener à bien la mission qui lui est confiée à travers un pays où règne la pauvreté, la corruption, le découragement. Un pays bien plus meurtri qu'Israël, pays en guerre, où les habitants se sont endurcis.
Voyage initiatique en compagnie du jeune fils de la victime, si fragile, totalement perdu, qui va commencer brusquement à réagir en homme, au contact de ce DRH plein de ressources et en particulier de ressources humaines. Dans des situations rocambolesques comme la traversée des Carpathes sous une tempête de neige, l'arrivée au village perdu et la rencontre avec la mère de la victime, digne veuve qui décide que ce serait une grave erreur d'enterrer sa fille au village alors que toute sa vie, elle ne désirait rien de si fort que de partir le plus loin possible.
Un film grave, mais pas donneur de leçons, avec la démon
stration que les sentiments humains sont tout à fait identiques malgré les différence fondamentales de langue, de religion, de façon d'appréhender le monde. Finalement, ce qui prime est le respect et l'amour, le don gratuit de soi pour soulager le chagrin de l'autre, du voisin, de son prochain.
On a très envie de prendre dans ses bras ce DRH au grand coeur (Mark Ivanir) mais un peu renfermé sur ses certitudes, qui trouve les mots juste pour conduire le jeune fils à retrouver le sens de sa vie.