Les journalistes, les animateurs de radio et de télévision ont trouvé un sujet en or avec la question de François Loncle et la réponse de Luc Chatel relatives au style pour le moins abrupt utilisé par notre président de la République lors de ses improvisations orales ou de ses digressions. Alors que la question de notre ami député de l'Eure semblait sinon légère du moins teintée d'humour, la lettre de Luc Chatel lui a conféré une ampleur inattendue.
Pourquoi ? Parce que le ministre de l'Education nationale justifie le style du président en tentant de distinguer les interventions orales de celui-ci et les textes écrits…le plus souvent par d'autres que lui. Nicolas Sarkozy a conquis le pouvoir grâce à des atouts conjoncturels liés à la personnalité du président sortant (Jacques Chirac) et à une certaine faiblesse de la candidate de gauche. Il est finalement apparu non pas comme étant le plus compétent mais comme étant le moins incompétent ce qui n'est gentil ni pour Ségolène Royal ni pour les Français.
Quel est le style de Nicolas Sarkozy ? Il parle fort, haut, est pris de tics ou tocs permanents, use de formules recuites…« je veux dire », « il n'y a pas de tabou », il apparaît comme un pragmatique sans pensée élaborée, sans projet solide, construit. Il fait confiance à son flair, ses réseaux, son volontarisme souvent démenti par les résultats de sa politique. Surtout, cet homme n'a ni complexe ni scrupule. Il provoque, interpelle, injurie…en gros, bien qu'étant originaire de Neuilly-sur-Seine, Nicolas Sarkozy est mal élevé. Il a le gros mot facile et le tutoiement immédiat, ce qui n'est jamais bon.
Fallait-il que les avatars linguistiques du président actuel soient aussi évidents pour qu'Internet s'en empare et suscite des centaines de commentaires, la plupart étant très critiques à l'égard des propos présidentiels ? Surtout, Nicolas Sarkozy est apparu tel qu'il est : très différent de ses prédécesseurs tous lettrés et tous habités d'un style qu'on pourrait nommer le style présidentiel. Au fond, Sarkozy ne fait pas président. Cela, on le savait dès son élection et l'hebdomadaire Marianne avait alerté les Français sur la personnalité de celui qu'ils allaient élire confortablement au second tour. Marianne titrait même : « cet homme est fou ».
Pas fou de littérature ni fou de savoirs. Fou de pouvoir, de sexe et d'argent, le tout formant un cocktail détonant et épuisant. En ce début d'année 2011, il semble bien que les charmes du président connaisse quelques ratés si l'on en croit les sondages sur le moral des Français et sur leur taux de confiance dans ceux qui nous gouvernent. Tout va mal : chômage, violences urbaines, mondialisation sauvage, désorganisation des services publics, politique de environnement sacrifiée, tout part à vau-l'eau…Avril-mai 2012 sont encore loin. Il nous faut prendre notre mal en patience.