LE MANQUE
Dans le vide qui tournoie
l’enfant prisonnier
ressemble à la feuille morte, qui tombe, en vrille.
Il tombe dans le puits de ce manque béant
qui scintille rempli d’un ressassé ressac.
Le manque est une aura de lumière perlée
ponctuée de cristaux de quartz à l’éclat dur ;
l’enfant voudrait le suivre là où il fuit
fasciné par l’immense éventail qu’il déploie,
il voudrait se glisser dans la brèche ardemment
mais il ne fait que convoquer l’imaginaire.
La lumière est éternelle tentation,
vastitude, lézarde en le suc du réel,
elle fourmille bourdonne à sa tempe aiguë
promesse qui ne sera tenue,
il le sait !
L’enfant tourne en rond comme un vieux disque rayé
dans sa coque de noix cocon séparateur
qui navigue en suspension dans l’immensité
cette clarté aux transparences ambigües,
ce désert où miroitent les mirages blancs,
ce miroir creux et sans fond de ses vains désirs
Un samedi rond et ouaté.
Dehors, la pluie gélatineuse.
Le foyer. Les objets tranquilles.
Recentrement.
Ressourcement.
La glaise de l’intérieur. Limon primitif où l’on puise.
Un arraisonnement du temps.
Une précaution, dans les gestes.
Un petit côté fantomal. Dans les déplacements du corps. Qui se hâte de retourner à l’immobile. Dès qu’il peut.
Pas question de glisser le nez dehors.
Juste…écouter le bruit des eaux. Le toussotement des gouttières.
Ne plus se faire qu’afflux des sens. Summum d’acceptation gratuite.
Pour sentir.
L’enveloppement.
Dans la bulle de pluie bleue.
Le corps en devient un écho.
Un écho pâteux, gourd, informe. Mal taillé pour l’action, la vie.
Elle, en échange, le lui rend bien.
Elle veille sur son sommeil.
Tout est mis entre parenthèses. Au ralenti. Heures extensibles.
Paresse et méditation.
Forage aux nappes phréatiques.
Eaux à l’extérieur.
Eaux dedans.
Eau en-dedans de l’au-dedans.
Eau lente, nutritive qui repose. Et qui forme ses alluvions.
A la racine même de l’être.
Réservoir occulte et muet.
Source de Vie, de regains futurs !