(Pascal Greggory, acteur)
Est-ce dans une lettre à l’un de ses correspondants qu’Émile Zola se plaignait des “solitudes mortes de la province”?
Et est-ce pour cette même raison que j’aime à passer les fins d’années à Paris? Retour à Paris, première!
- Mercredi 30 décembre, 11heures 30 : arrivée à mon hôtel, rue Campagne Première. Sur la façade on peut voir une plaque en souvenir de Louis Aragon, d’Elsa Triolet et de Maïakovski qui fréquentèrent le lieu dans les annés vingt.
Dans un poème Louis Aragon a écrit :
« Ne s’éteint que ce qui brilla, lorsque tu descendais de l’hôtel Istria
Tout était différent Rue Campagne Première, en mil neuf cent vingt neuf, vers l’heure de midi… »
Louis Aragon (”Il ne m’est Paris que d’Elsa”)
Après-midi : visite des collections permanentes au musée d’Orsay, cette ancienne gare transformée en musée par l’action conjuguée de François Mitterrand, qui l’inaugura le 1er décembre 1986 après six ans de travaux, et de Jack Lang. Je consacre ma visite aux peintres impressionnistes et j’admire les sculptures animalières de François Pompon (1855-1933).
En soirée, au « Théâtre de la ville » pour voir la pièce de Jon Fosse « Rêve d’automne » mise en scène par Patrick Chéreau. Nous sommes au deuxième rang de l’amphithéâtre. Je n’aime pas la voix, trop haut perchée, de Valéria Bruni Sarkozy, j’apprécie le travail de Patrick Gréggory, de Bulle Ogier et de Bernard Verley. Je suis déçu par Marie Bunel que je trouve transparente. Je décide de me procurer la pièce à mon retour pour voir si Chéreau a été fidèle au dramaturge norvégien. Curieusement, le dimanche soir, « Arte » avait programmé « La Reine Margot » où jouaient déjà (en 1994) la plupart des acteurs de la pièce : Pascal Gréggory (il y incarnait le duc d’Anjou, futur Henri III), Valéria Bruni Tedeschi (elle apparait dans un rôle secondaire), Bernard Verley (un cardinal) et Michelle Marquais (une nourrice).
- Jeudi 31 décembre : visite de la « Maison Balzac », je suis déçu par l’exposition consacrée à Louise Bourgeois sur le thème du rapprochement entre cette artiste décédée en 2010 et Eugénie Grandet, héroïne balzacienne. J’achète pour 4 € le guide de la maison Balzac (Paris musées, 1991) qui est très bien fait.
Auparavant, j’avais l’intention de me rendre à l’ambassade de Turquie pour voir ce qu’il y restait de la maison du Docteur Blanche, je sonne à la porte d’entrée en contrebas de la maison Balzac, niveau rue Berton. Un représentant de l’ambassade ouvre la porte : il ne parle ni français ni anglais! Je décide de prendre contact à mon retour avec un attaché culturel de l’ambassade pour convenir d’un rendez-vous au printemps. Utopique? Après tout la Turquie veut entrer dans l’Union Européenne, qu’elle montre donc des signes tangibles de son sens de l’accueil.
- 1er janvier 2011 : visite au Mémorial de la Shoah dans le Marais pour y voir l’exposition intitulée : « Il me semble parfois que je suis étrangère… », Irène Némirovsky, on comprend la tragédie qu’a vécue la romancière d’origine russe trahie par la France de Vichy qui l’a livrée au régime nazi. Je suis ému de découvrir le bagage dans lequel elle transportait le manuscrit de « Suite française », le roman inachevé qu’elle a écrit à propos de la débâcle de mai-juin 1940 ; elle voulait en faire une sorte de « Guerre et Paix » transposé à la France de la deuxième guerre mondiale. L’exposition due à son biographe, Olivier Philipponnat, se poursuit jusqu’au 8 mars.
Le même jour au parc Monceau, si bien décrit par Émile Zola dans « La Curée » que je viens de relire avec plaisir. Je photographie la statue de Guy de Maupassant, buste avec l’ajout du monument de la jeune femme qui rêve à ses pieds, par Raoul Verlet.
- Dimanche 2 janvier : au jardin du Luxembourg, j’y prends plusieurs photos de statues, telle celle d’Anne-Marie Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, dite “La Grande Demoiselle”. Le ciel étant très couvert, je doute de la qualité de mes photos.
Ce même jour, c’est la journée des “people”, en veux-tu en voilà : j’aperçois Élisabeth Bourgine au « Sélect » dans le VIe, ce n’est pas elle que je caresse mais le chat Mickey, dix-huit ans!, Catherine Frot frime à la terrasse de « La Rotonde », je voyage en métro à côté de Sabine Haudepin, elle lit « Du plus loin de l’oubli » de Patrick Modiano, peut-être l’objet d’un prochain téléfilm, dans une autre rame, Franz-Olivier Giesbert, directeur du « Point », tombe de sommeil, lendemain de réveillon difficile? Mon épouse me montre le philosophe Raphaël Enthoven à la terrasse de « La Rotonde », j’avoue que jusqu’à présent sa pensée ne m’a guère marqué…
- Lundi 3 janvier : avant de quitter Paris, je rends visite à la tombe de Serge Gainsbourg au cimetière de Montparnasse. Des tickets de métro, des photos dont la “une” de « Télérama », un chou. En face, tombe d’Henri Troyat. Peu avant la sortie, je découvre celle de Georges Dayan, ami intime de François Mitterrand, décédé en 1979 (il fut député du Gard puis sénateur de Paris). Dans ce cimetière ont également été inhumés : Charles Baudelaire, Guy de Maupassant, Emmanuel Berl, Emmanuel Bove, Yves Mourousi.
- Mardi 4 janvier : au château de Tours (Indre-et-Loire) : j’y vois l’exposition « Zola photographe » - « André Kertész (1894-1985), l’intime plaisir de lire ». Zola a photographié dans le détail, entre autres, l’exposition universelle en 1899-1900.
Bonne année à tous!