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Jeunesse : offrir un avenir, pas le RSA

Publié le 11 janvier 2011 par Hmoreigne

 Le RSA en gage d’émancipation. Jeudi 6 janvier, Roselyne Bachelot, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, a acté le flop de l’extension depuis le 1er septembre 2010 du revenu de solidarité active (RSA) aux moins de 25 ans : 5 024 bénéficiaires quand 160 000 étaient attendus. Les jeunes témoignent que contrairement aux idées reçus, leurs attentes portent sur un travail, un vrai, et non leur enfermement dans l’assistanat ou un contrat de seconde zone.

Bonjour les vieux ! La France de 2010 a les tempes grisonnantes et les préoccupations qui vont avec : retraite, dépendance, impôts. Les jeunes, ont bien le temps d’attendre qu’on s’occupe un peu d’eux. Même la politique pénale ne reconnaît plus en eux des individus en devenir qu’il faut traiter différemment pour les préserver mais, des adultes avant l’heure.

Rares sont ceux qui veulent faire de la jeunesse la grande cause nationale des années à venir. La situation française est pourtant préoccupante. Elle se rapproche dangereusement de cette malédiction qui touche les pays du sud, en Espagne notamment, et dont on voit les ravages de l’autre côté de la méditerranée.

Les chiffres sont éloquents. Le taux de chômage des 15 à 24 ans atteint 23,3 % quand la moyenne est de 17,7 % dans les autres pays développés. La réponse n’est pas plus évidemment dans le RSA ou l’allocation autonomie évoquée sans plus de précisions par le PS.

Le philosophe Bernard Stiegler rappelle que la jeunesse est l’avenir de l’homme. Une jeunesse élevée au biberon d’un consumérisme érigé en seul projet de société. Une jeunesse appelée à hériter d’une planète dégradée par les effets d’un productivisme incompatible avec le caractère limité et parfois non renouvelable des ressources.

La problématique jeune n’a pas échappé au monde politique. Le Sénat lui a même consacré en 2009 un rapport, “France, ton atout « jeunes » : un avenir à tout jeune”, débouchant sur pas moins de 78 propositions dont 20 principales.

Pas de révolution pour autant mais le constat de défaillances multiples allant d’une orientation insuffisante à un système scolaire inadapté aux besoins du marché du travail sans oublier un service public de l’emploi déficient. Si le rapport n’apporte pas forcément les réponses les plus pertinentes, il pose au moins un constat intéressant.

Tout d’abord le sentiment de défiance qui traverse la société : 51 % des Français déclarent avoir une image négative de la jeunesse. Il relève ensuite un paradoxe : si les jeunes représentent une immense richesse pour notre pays, ce dernier « investit » trop peu, ou peut-être mal, sur leur avenir, tout en leur léguant une dette de près de 74 % du PIB. Il rappelle surtout que le taux de pauvreté des 18-24 ans est de 21 %, contre 13,2 % en moyenne, ce qui représente plus d’un million de jeunes dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté (880 euros par mois).

Reste peut être l’essentiel, à savoir l’adhésion des jeunes aux valeurs de notre société. Difficile à cet égard de leur en vouloir. Le désenchantement de la jeunesse est le signe d’une société qui ne sait plus où elle va et où elle souhaite aller. C’est bien d’une nouvelle vision politique du monde dont nous avons tous besoin.

François Hollande, le candidat aux primaires qui monte, fait de la jeunesse l’un des axes forts de son programme.”Dans une société vieillissante, il faut arrêter d’arbitrer systématiquement en défaveur des jeunes. L’enjeu de 2012, c’est de leur donner toute leur place” déclarait-il en avril 2010 dans les colonnes du quotidien Le Monde.

L’ancien Premier secrétaire du Parti socialiste pose un regard lucide sur la situation. “Les classes moyennes et populaires ne retrouveront confiance dans la politique que si nous parvenons à leur démontrer que nous assurerons un avenir à leurs enfants. Si nous ne le faisons pas, c’est une explosion qui se prépare, pas seulement dans les banlieues et les quartiers. Une génération qui a fait des études, obtenu des diplômes et ne parvient ni à travailler, ni à s’installer, ni à se loger c’est insupportable. C’est ce qui explique cette défiance persistante à l’égard des décideurs, ce très haut niveau de pessimisme propre à la France“.

Pour François Hollande, “la jeunesse doit être notre projet“. Dans ses cartons, le concept de “contrat de génération” : un nouveau contrat de travail de cinq ans censé organiser un partenariat entre un jeune et un senior, un entrant et un futur sortant.

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