Militant socialiste, j’affirme haut et fort que je suis fier d’appartenir à la génération des 35h qui ont été mises en œuvre par le gouvernement Jospin. Je
considère que cet acquis fait partie de la longue liste des progrès sociaux qui sont à mettre à l’actif de la gauche comme les congés payés, la sécurité sociale, la retraite à 60ans… Je suis fier
de cette gauche conquérante, qui se donne comme objectif l’amélioration des conditions de vie du plus grand nombre et prend des mesures concrètes pour y parvenir. Les 35h s’inscrivent dans la
lignée historique de la réduction du temps du travail qui a commencé en 1841 par la limitation du travail des enfants, puis en 1848 par celui des adultes. Avec la prise de position de Manuel
Valls, c’est la première fois qu’un dirigeant politique qui se réclame de la gauche va à l’encontre du fil séculaire des combats de la gauche que sont la réduction du temps de travail et
l’augmentation des salaires. Sous couvert de modernité, de pragmatisme, certains n’hésitent donc pas à tourner le dos aux idéaux de la gauche et à proposer ni plus ni moins qu’un recul social
sans précédent. Seule la droite réactionnaire a applaudi les déclarations de M. Valls et lui a emboité le pas en proposant d’abroger purement et simplement les 35h. Les arguments mis en avant par
les libéraux, qu’ils soient de droite ou de gauche, sont que les français ne travaillent pas assez et que pour gagner plus, il suffit de travailler plus. Ces arguments ne résistent évidemment pas
une seule seconde à l’étude objective des faits. La durée de travail hebdomadaire moyenne pour un salarié à temps complet est de 41,9 h (avec les heures supplémentaires) en France, elle est de
41,7h en Allemagne (pays souvent cité en exemple par la droite) et 41,1 h en Suède. Les français ne travaillent donc pas moins que les autres et il ne faut pas confondre temps de travail légal et
temps effectif. Si les 35h sont abrogées demain, cela se traduira mécaniquement par une baisse de revenus pour bon nombre de salariés. En effet, les heures supplémentaires sont majorées dès la
36ème heure actuellement. Sans les 35h, les majorations disparaitront donc les salaires baisseront pour un temps de travail effectif équivalent. La baisse du temps de travail représente aussi la
juste contrepartie de l’augmentation des gains de productivité, qui en France sont des plus élevés. La productivité horaire a ainsi été multipliée par 4 en France depuis 1960. Il est utile enfin
de rappeler que la période 1998-2000, date d’application des 35h, a été marquée par une forte hausse de l’emploi. Pas mal pour une prétendue aberration économique ! En tant que militant
socialiste, je me considère comme l’héritier des mouvements ouvriers et des acquis et idéaux de la gauche. Je ne peux donc pas accepter les propos de M. Valls qui en reprenant les arguments de la
droite, affaiblit le camp qu’il prétend représenter. Je considère qu’il s’est mis de lui-même en dehors du parti socialiste et demande à la première secrétaire nationale de prononcer son
exclusion.
Vincent Ricarrère
Secrétaire de la section PS de Tarbes