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« L’action des ONG à Haïti doit être évaluée »

Publié le 12 janvier 2011 par Cassandria @cassandriablog

Publié sur Youphil le 11 janvier 2011

Article de Elodie Vialle

Philip Tamminga dirige l’Index de réponse humanitaire de Dara, un organisme qui évalue l’efficacité des actions humanitaires.

Youphil: Les ONG ont été très critiquées à Haïti (lire l’analyse sur Youphil). Pourquoi est-il si difficile de les évaluer?

Philip Tamminga: C’est toujours un challenge de trouver le juste milieu entre le travail sur le terrain, avec les partenaires locaux, et la nécessaire coordination avec les acteurs internationaux.

Les ONG les plus importantes sont convaincues de la nécessité de mener des évaluations. Mais dans le cas d’Haïti, nous avons vu apparaître de nouveaux acteurs, des petites ONG, qui ont sans doute moins d’expérience. La communauté internationale doit savoir comment elles travaillent.

Youphil: Quels sont selon vous les critères permettant d’évaluer leurs actions?

Philip Tamminga: Aux Etats-Unis, il y a des recommandations pour les ONG, pour savoir par exemple combien elles doivent dépenser pour le management, le fundraising, la communication.

Personnellement, je ne pense pas que ce soit la meilleure approche parce que chaque désastre est différent. Dans certaines catastrophes, il est par exemple impossible d’accéder à la population car il n’y a plus de moyens de transports. Parfois, ce sont les conditions de sécurité qui sont inexistantes.

Ca dépend de quel pays vient l’ONG, dans quel pays elle intervient, etc. Il est donc très compliqué de fixer des critères stricts d’évaluation.

Dans tous les cas, les ONG doivent intégrer des processus d’évaluation dans l’ensemble de leur programme. Après avoir passé beaucoup de temps sur un même terrain d’action, elles doivent être capables d’intégrer des bonnes pratiques, en apportant une réponse appropriée aux besoins des communautés.

Youphil: Le critère ne pourrait-il pas être, tout simplement, d’évaluer une ONG en fonction du nombre de personnes qu’elle aide?

Philip Tamminga: Il est difficile d’avoir des unités de mesures comparables, c’est un critère sur lequel il faut établir des standards nationaux. Par exemple si vous êtes une organisation qui fournit de la nourriture et des draps à 10.000 personnes, c’est très différent d’une organisation qui va fournir des logements et des abris à 10.000 personnes.

De même, il est très difficile d’évaluer précisément le nombre de personnes que vous avez aidées. C’est donc un challenge pour l’ensemble des acteurs de l’humanitaire. Il faut, en tout cas, que les organisations restent transparentes sur leurs critères et leurs actions et qu’elles expliquent à quoi les fonds ont été alloués.

Nous pensons qu’il est important que l’évaluation soit menée par un organisme indépendant.

Youphil: Vous évoquiez les petites organisations en Haïti. Ont-elles vraiment les moyens d’être évaluées?

Philip Tamminga: Une organisation professionnelle est supposée inclure d’elle-même son évaluation dans son budget de départ. Si elle dispose d’un bon management, elle aura les ressources humaines nécessaires en interne pour s’assurer de l’efficacité de son action sur le terrain. Une autre possibilité pour les petites organisations est de se rassembler pour mutualiser les coûts de l’évaluation.

Par exemple, 3 ou 4 petites ONG qui travaillent dans le secteur de la santé peuvent se mettre en commun pour évaluer la pertinence de leurs programmes, et ainsi apprendre les choses les unes des autres. En fait, il n’est pas nécessaire d’être riche; toutes les organisations peuvent trouver un moyen de mener ces évaluations.

Pour plus d’infos sur le sujet, lire l’article sur Youphil et consulter les liens annexes.



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