En ce début d’année, un constat tombe, les postulants aux concours de l’enseignement se font de plus en plus rares. Le métier d’enseignant suscite, en effet, de moins en moins de vocations, les candidats aux postes de professeurs étant dans certaines matières, deux fois moins nombreux que l’an dernier. Pour les pouvoirs publics, la baisse du nombre de postulants serait due à la mise en place de la réforme de la formation des enseignants, les syndicats montrant du doigt, eux, en particulier la suppression de l’année de formation en alternance. Des explications, toutes plus techniques les unes que les autres, et qui passent complètement à côté du propos. A croire qu’aucun - pouvoirs publics comme syndicats -, ne s’accorderait à regarder la réalité en face.
Et si le manque de postulants ne signifie pas plutôt, que l’on a plus envie d’être enseignant en France, que le métier de professeur ne fait simplement plus rêver du tout. Derrière ce constat établi depuis une vingtaine d’années, vient s'ajouter certainement l’accumulation d’affaires ayant défrayé récemment la chronique : injures, manque de respect, agressions, mépris. Quand dans certaines classes des petits caïds font la loi, quand les parents se rangent toujours derrière leurs rejetons, quand plus personne ne vous témoigne de respect, spécifiquement dans l'enseignement public. Et cela, alors que l'on ne cesse de réduire, le nombre de pions dans les établissements secondaires. Il est à y rajouter la suppression de la notation à l’école, comme si c'était le problème et la réforme récente du programme scolaire, voyant encore réduit le nombre d'heures de cours consacrées aux matières littéraires. Et comme une énième victoire de l’école des Annales, la refonte du programme d'histoire, faisant passer par-dessus bord Louis XIV et Napoléon Ier, mais accordant une place de choix à la civilisation chinoise à son apogée !? Le rêve pour un jeune enseignant en histoire/géo, qui doit plus ne s'y retrouver, parmi d'autres problématiques.
Ce n’est en effet pas qu’une affaire de « moyens », comme nous le répète à longueur de temps certains “experts”, mais avant tout « une question d’états d’esprit ». Nos enseignants ont besoin qu’on les soutienne, qu’on les respecte, que les élèves se lèvent quand ils entrent en classe, qu’ils se taisent en cours. N’en déplaise à nos spécialistes des sciences de l’éducation, on a besoin avant tout d’autorité, de hiérarchie. Parmi d’autres points tels la revalorisation de l’apprentissage à l’école, permettant de sortir de ce système des élèves peu « scolaires », mais plus manuels, leur offrant des passerelles et des débouchés réels à la sortie, à l'image du fonctionnement secondaire outre-Rhin. Un modèle en vase clos, qui s'apparente inutilement et faute de mesures concrètes, à de l'assistanat social. Car c'est en effet, tout le système éducatif, qu'il faut redéfinir et revoir à la base. Ce ne sera pas suffisant, c'est vrai ; mais c'est certainement plutôt par là, qu'il faudrait commencer…
J. D.