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Après la Grèce, la Chine vole au secours du Portugal

Publié le 31 décembre 2010 par Alex75

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Après la Grèce, vient maintenant le tour du Portugal, comme dans une implacable théorie des dominos. Le salut de la zone euro viendrait-il de l’Empire du Milieu ? C’est l’interrogation que l’on finit par soulever. En octobre dernier, les Chinois volaient déjà au secours de la république hellénique, englué dans la crise financière, s'offrant au passage la dernière activité compétitive de la Grèce : sa marine marchande et son activité portuaire. Et c'est maintentant l'annonce d'une aide chinoise au Portugal, qui s’est vue de nouveau réserver un bon accueil à Bruxelles, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, saluant ouvertement « le soutien exprimé par les autorités chinoises » à « la stabilité de la zone euro ». Selon le quotidien économique portugais Jornal de negocios, la Chine serait prête à acheter quatre à cinq milliards d’euros de dette souveraine portugaise, à l’image des achats de titres grecs d’octobre dernier (voir article “La Chine vole au secours de la Grèce“). Mais alors qu'une aide chinoise à l'économie espagnole commence déjà à se profiler, ce soutien inattendu est décidemment peu analysé et commenté. Car il a pourtant ses dessous et conséquences politiques. Et ça nous refait repenser de nouveau à “l'histoire du loup dans la bergerie”

Ce soutien chinois au Portugal, comme pour la Grèce, pourrait certes sembler bien venu au premier abord. Et il est vrai, Bruxelles ne peut de tout de façon, empêcher la Chine d’acheter des obligations. C’est encore une fois, le principe même du libéralisme. Mais un libéralisme auquel la Chine applique souvent sa propre conception. Elle conserve une monnaie sous-évaluée, dans un implacable dumping salarial et monétaire, sourde à toutes remontrances, les responsables chinois rétorquant aux remontades épisodiques de l’OMC ou de l'UE, avec un haussement d’épaules et une mauvaise foi caractéristique, « nous n’avons toujours pas touché les royalties de la boussole, de la poudre ou du papier ». Les Chinois se fichent, en effet, des lois de l'économie de marché, étant sur ce point encore bel et bien communistes. Et petit à petit, l'Empire du Milieu nous dicte progressivement sa loi en matière économique. Face à une Commission européenne qui se refuse à tout protectionnisme mesuré et raisonnable. Auquel le président Obama se résout pourtant aux Etats-Unis. Et qui continue à croire aux dogmes du laissez-faire, laissez-passer, au nom de vertus libérales nullement ébranlées par la crise de 2008, et sans qu'aucune voix ne s'élève au passage dans le paysage politique européen. 

 

Après la Grèce, la Chine vole au secours du Portugal

Car cette aide n'est évidemment pas désintéressée, elle a ses dessous politiques. En réalité, avec leurs 2 648 milliards de dollars de change en 2010, les Chinois essaient avant tout de diversifier leurs réserves de change, par tous les moyens. Ils ont aussi un intérêt direct à préserver la santé économique de l’Europe, à savoir leur principal débouché commercial - qu'ils inondent de leurs produits textiles et high-tech “bon marché” - passé devant les Etats-Unis se relevant progressivement de la crise. Les Chinois atténuent ainsi leur dépendance à l'égard de la dette américaine, rendant les Européens vulnérables et de plus en plus redevables à leur égard, et se dotant de moyens de pression non négligeables en matière diplomatiqueLes Chinois rachètent ainsi la dette du Portugal et de la Grèce, pour consolider un euro déjà beaucoup trop fort, ruinant les efforts de nos dernières industries encore compétitives à l’exportation, comme nous le dénoncions dans le cas récent de la Grèce. Car après la Grèce et le Portugal, ce sera le tour del’Espagne, l’Irlande, et en-dehors des quatre PIIGS - charmant surnom en langage technocratique bruxellois, pour désigner les quatre pays membres “à la traîne”, à savoir Portugal - Irlande - Italy - Greece - Spain -, peut-être justement l’Italie, voire même ensuite la France. Comme dans une marche irrésistible, les Chinois sortiront à chaque fois leur carnet de chèques, pour “sauver” une zone euro chancelante, un espace économique de moins en moins souverain, et surtout de moins en moins concurrent.

      J. D.


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