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La censure d’Obama n’a rien à envier à celle de Bush

Publié le 12 janvier 2011 par Copeau @Contrepoints

C’est finalement dans l’exercice du pouvoir que les hommes politiques montrent l’étendue de leurs réelles capacités, malheureusement souvent pour nous faire découvrir qu’ils sont de ternes tâcherons perdant rapidement pied et convictions. Parfois, ils en viennent même à piétiner les idéaux qui les ont portés. Obama ne déroge pas à la constatation : les récents développements de Wikileaks donnent une idée assez glaciale du dévoiement auquel on peut arriver sous prétexte de patriotisme…

Je ne reviendrai pas sur Wikileaks, j’en ai déjà parlé un peu ici ou là. En substance, on a pu voir que pour protéger leurs sales petites manies, les états sont prêts à des manipulations assez extensives, voire grotesques.

On regrettera ainsi que les moyens mis en oeuvre pour inculper Julian Assange n’aient pas été aussi mis en oeuvre pour des personnages autrement plus inquiétants, dans le trafic d’arme, de drogue, d’humains (vivants ou sous formes d’organes séparés), les criminels de guerre, fuyards de régimes totalitaires déconfits et autres joyeusetés du même acabit.

En fait et jusqu’à présent, l’affaire du Cablegate de Wikileaks aura surtout démontré à qui en doutait encore que les états montrent bien plus facilement les crocs quand on menace de montrer leurs propres magouilles au grand jour que lorsqu’il s’agit de réellement protéger les citoyens qui les font vivre. Mais, à proprement parler, rien de vraiment nouveau sous le soleil.

Ce qui devient de plus en plus inquiétant cependant, c’est que les états, et surtout l’américain dans le cas qui nous occupe, ne s’arrêtent pas là. L’aspect au départ folklorique de la traque d’Assange suivi des allégations plus que farfelues de « sexe par surprise » ont pu faire oublier à certains qu’un combat féroce se jouait : on ne compte plus le nombre de journalistes, parfaits petits marquis poudrés de la bien-pensance mal ajustée, qui ont aboyé avec les ambassades et les politiciens, autre brochette d’idiots utiles ou d’hypocrites agressifs, pour faire stopper les fuites numérisées.

Eh oui : c’est bien dans les rangs de ceux qui ont absolument tout à perdre d’une immixtion plus grande de l’état dans leur boulot qu’on a trouvé de chauds partisan de … la censure. Et il n’aura pas fallu pousser bien fort pour que de frétillants crétins politocards nous expliquent, en parfaite inversion des causes et des effets, qu’une transparence totale serait totalitaire.

Evidemment, la transparence totale des affaires privées est bel et bien du totalitarisme, mais celle des affaires publiques constitue en réalité le seul et unique contre-pouvoir du peuple sur les personnes auxquelles il a confié son destin, ses moyens financiers et … l’usage unilatéral de la force.

Et malgré l’évidence de cette remarque, on ne peut pas dire qu’on entend beaucoup les grands médias sur le sujet, et notamment les français, qui n’hésiteraient pourtant pas à aboyer de grands paragraphes grandiloquents si Sarkozy chatouillait leur petite liberté d’exprimer tous le même gloubiboulga.

Fascism : do you think it'll be this obvious ?

Certes, certes, l’actualité, pas vraiment rose, a de quoi les occuper. Il serait compréhensible qu’ils parlent bien plus de ce qui se passe en Tunisie que de ce qui se passe au sujet de Wikileaks, encore que les affaires sont étrangement proches, par nature si ce n’est par degré. Mais non. Rien. Où sont nos vaillants défenseurs du droit à exprimer platement des idées fadasses, pourtant toujours prêts pour un combat contre l’hydre et le ventre fécond d’une bête qui pond des heures les plus sombres etc… ?

Parce qu’en tout cas, côté politiciens, on ne chôme pas. Et, plus triste encore, cette Amérique qui nous a jadis habituée à porter haut le drapeau de la liberté d’expression et des idées subversives se laisse gentiment faire par une administration Obama toute acquise au Ferme Ta Gueule viril et musclé.

Oh, zut de zut, Obama n’est pas le messie charismatique et youplaboum progressiste qu’on espérait ! C’est même, si l’on regarde strictement ce droit d’expression, une parfaite continuité d’un Bush qui, lui, n’a jamais eu les faveurs des médias, notamment de ce côté-ci de l’Atlantique… Cette indulgence, fille d’un Deux Poids, Deux Mesure troublant, est bien enquiquinante pour ceux qui n’ont qu’impartialité et éthique à la bouche, non ?

Surtout si l’on ajoute les velléités du même Barack à vouloir instaurer des identifications spécifiques et « Governement Approved » sur Internet, en toute décontraction et surtout ne vous inquiétez pas tout ceci est normal, le gouvernement travaille pour votre bien, souriez, penchez vous en avant et toussez un bon coup.

Tout ceci ne peut pas laisser penser que le chemin emprunté est le bon, ni qu’il conduit vers de vertes prairies pleine de joie et de bonheur. Rien de ce qu’on lit, en filigrane des interventions qui frisent l’hystérie pour fermer le clapet d’Assange et de l’association qu’il représente, ne laisse penser que tout ceci ne serait qu’un petit mauvais moment à passer. Non : c’est, réellement, une façon claire, nette et précise pour museler l’expression, pour contrôler l’information et ses canaux de distribution.

Et en face de ces tentatives …

Stupeur ! Il n’y a aucune réaction !

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