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J'y peux rien si je suis loquace !

Publié le 13 janvier 2011 par Angie21
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A l'école, il y a de cela, oulà encore plus longtemps que ça, je passais mon temps à babiller. J'étais une bavarde, mais alors une bavarde, c'était quelque chose. En classe, je jacassais sans cesse, avec ma voisine de droite, celle de gauche, celle d'en face, j'avais toujours quelque chose à dire.
Forcément, tout ça m'a valu des remarques diverses et variées dans mon carnet journalier, une sorte de carnet dans lequel j'inscrivais les notes reçues (sous contrôle d'huissier de l'institutrice) et les leçons à faire et qui devait être signé chaque semaine par l'un de mes parents.

Là où mes camarades recevaient des étoiles pour bonne conduite ou fayotage assiduité, moi je collectionnais les commentaires. Chez moi, ils étaient hebdomadaires. A chaque fois, mon institutrice y allait de sa plume et débordait d'énergie et de créativité pour décrire mon désir insatiable de partager avec mon prochain ce que j'avais sur le coeur.
"Encore une semaine où Angie s'est illustrée en tant qu'oratrice de choc".
"On se demande ce qu'elle a de si important à dire à sa camarade qui ne puisse attendre la récréation".
Je faisais signer ce fumeux fameux carnet à môman le dimanche matin, au saut du lit, les yeux encore collés et sur le pas de porte, en espérant ainsi m'éviter les remarques maternelles, au demeurant justes et méritées, sur les raisons de cette énième observation écrite par le corps enseignant et mon énième promesse non tenue de cesser de jacasser en classe.
Et un jour, parce que je savais que j'avais failli et pour m'éviter un savon et une coupe nette dans mon argent de poche, je voyais d'ici les pains au chocolat s'éloigner de moi, j'ai maquillé le carnet. Oui, j'ai lâchement fraudé au lieu d'assumer. J'ai fait ma rebelle.
J'ai sorti ciseaux, colle et vieux carnet et j'ai découpé, ce que je croyais très soigneusement, la partie lignée où la maîtresse inscrivait son commentaire et je l'ai collée sur mon carnet, là où en grosses lettres indélébiles, il y avait l'éternelle annontation. J'étais fière de mon oeuvre, éblouie par tant d'audace.
Et dimanche arriva.
J'ai amoureusement tendu le carnet et le stylo à môman, le tout en me tortillant à la manière de quelqu'un qui n'a strictement rien à cacher.

Sauf que môman, on lui l'a faisait pas. Et ce que je croyais être une parfaite falsification, l'oeuvre la plus aboutie de ma langue existence, l'âge glorieux et acnéique de mes 14 ans, môman l'a fait voler en éclats en 3 secondes chrono.
Elle a soulevé la feuille découpée et à priori très mal collée, a lu la prose de ma tortionnaire, a signé le carnet et me l'a remis en souriant. Pas un mot, pas un cri, rien du tout. Je n'ai même pas été punie.
J'ai eu honte, mais honte. Depuis, je n'ai plus jamais recommancé. Pas à babiller, mais à falsifier mon carnet.
Avec le temps, l'acné en moins, rien n'a changé. Mais qu'est ce que j'y peux si je suis loquace ?

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