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La fuite des cerveaux

Publié le 13 janvier 2011 par Gommette1

Dans son livre « The Shallows » (les bas-fonds, tout un programme), le journaliste Nicolas Carr défend la thèse suivante : internet transforme notre cerveau et notre perception du monde au point de nous réduire à des petits êtres en déliquescence intellectuelle, captivés par l’immédiat et le superficiel, ignorants des profondeurs de la pensée. Ce n’est pas totalement faux, mais ce n’est pas complètement vrai non plus. Chaque innovation technique ou technologique réveille la frange des sceptiques et des pleureuses qui crient à un monde qui fout le camp ! Et bien que toutes ces innovations modifient notre rapport à la culture, au social, à la politique, à l’histoire, à l’autre…, nous ne sommes pas différents de chaque génération qui s’interroge sur le sens de la vie sans y répondre jamais.

Bien sûr que les natives digitales nés avec une souris et une zapette en guise de tétée sont très habiles à piller, pirater et grignoter, cultivant l’éphémère et le butinage, pour autant, ils sont l’image d’une société de consommation pressée, empressée, abrutissante parfois, vaine souvent, une société des loisirs où tout est jeu de dupes, une duperie consciente et assumée.

Nous vivons dans un environnement informationnel qui croît de manière exponentielle, le volume de données double tous les 18 mois ! Une croissance délirante à laquelle nous participons tous peu ou prou, sur les réseaux sociaux, les blogs, les sites comme le mien où avec la régularité du producteur de sens et de sons, j’apporte ma petite pierre à l’édifice au point de dresser des murailles gigantesques d’idées, de commentaires, d’informations, de concepts… Face à cette abondance, nous avons une réaction très humaine et très basique, nous exerçons un tri sélectif, rien nous est imposé ou presque, nous grapillons certes, mais sommes-nous plus stériles intellectuellement ? Nous sommes différents de nos aïeux, nos enfants sont différents, nos petits-enfants le seront.

La télévision va bientôt entrer dans ce jeu : l’offre de programmes proposés à heures fixes sera bientôt obsolète, s’amorce la télé à la demande où le téléspectateur décide quand et comment il entend voir les films, les séries et les émissions à un rythme qu’il entend maîtriser. Faut-il s’en plaindre ? Pas sûr, la mort annoncée du journal de 20 heures est un grand pas pour l’humanité, l’indigence de ce rendez-vous populacier entre la poire et le fromage a fait plus pour la fuite des cerveaux depuis 40 ans que la consommation d’internet, un medium qui sûrement disperse la connaissance, mais ne s’impose pas comme une grand-messe où tout est dit sur le ton de l’émotion démagogique qui lave les neurones... 


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