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Crise belge : nouvelle tentative de conciliation

Publié le 13 janvier 2011 par François Collette

Face à cette insoutenable guerre de tranchées qui dure depuis sept mois, le Roy des Belges n’avait pas d’autre choix que celui de remettre le carrousel en marche. Il vient de le faire avec une formule qui s’apparente à un coup de poker désespéré mais terriblement risqué. 

Le « 1 + 2 »

Johan Vande Lanotte, lui qui n’en voulait plus, a finalement accepté de poursuivre sa mission de conciliation qu’il mène sans succès depuis plus de trois mois. Mais il y a une nouveauté : il sera cette fois assisté de deux « souteneurs » - une nouvelle fonction en « eur » sortie du chapeau mou des conseillers du souverain - en la personne des stars régionales, Bart De Wever au nord et Elio Di Rupo au sud, qui sont précisément les grands responsables de l’immobilisme ambiant. Le communiqué du Palais est clair : « … prendre toute initiative utile, en dialogue privilégié avec les présidents des deux plus grands partis, en vue de sortir le plus vite possible de l’impasse politique actuelle. De cette manière, le bien-être de tous les citoyens de notre pays pourra être préservé”

Il ne s’agit donc pas d’un vrai triumvirat, collégialement responsable, mais d’une association incertaine et antagoniste qui montrera vite ses limites et ses désaccords. Avouons que c’est un peu mou et surtout très vague. Ce n’est pas du Sarkozy et c’est bien dommage en l’occurrence. Mais peut-on faire mieux dans ce pays sans «vrai » chef et qui manque sérieusement d’hommes d’Etat ?

C’est reparti pour un énième tour, et sans date line car il ne faut surtout pas mettre trop de pression, ne pas exacerber les rancoeurs, les frustrations ni les désillusions. Au-delà des positions nationalistes ou fédéralistes, séparatistes ou belgicaines sur lesquelles sont assis les nordistes et les sudistes, l’avenir de plus de dix millions de citoyens est en jeu. 

Une mission vouée à l’échec

Les deux présidents des partis vainqueurs des élections du… 13 juin (N-VA et PS) vont donc devoir aider M. Vande Lanotte à peaufiner sa note et surtout à en réduire le contenu pour qu’elle puisse enfin être déposée sur la table des sept partis en lice, les deux précités et leurs cinq petits acolytes.

Laissant provisoirement de côté la loi de financements des régions et communautés, une de ses priorités, la N-VA (soutenue par le CD&V) va s’accrocher bec et ongle à la régionalisation totale de l’emploi, une autre de ses priorités, ce qui reviendrait à régionaliser les allocations de chômage, un des piliers de la sécurité sociale. Toucher à la Sécu, les francophones n’en veulent absolument pas. Et quand bien même les deux chefs des belligérants parviendraient à s’accorder sur des concessions mutuelles, il ne faut pas oublier qu’ils ne sont pas seuls : les deux partis détiennent ensemble 52 sièges contre 53 pour leurs cinq partenaires et ceux-ci ne sont pas prêts à faire de la figuration.

Ne rêvons pas, il n’y aura pas de miracle puisqu’on prend les mêmes et on recommence sur des bases et des revendications toujours aussi radicales. Ce carrousel n’est qu’un pis-aller.

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La situation est désespérée mais ce n’est pas grave
Philippe Walkowiak (RTBF)

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