La Tunisie est en route vers la démocratie… et la France rate le train…

Je suis surpris, choqué, étonné de voir combien la voix de la France est restée enrouée pendant les événements tunisiens. On ne dit rien, notre ministre des affaire étrangères, complètement étrangère à l’appel du peuple tunisien, propose même de prêter nos policiers pour mieux tenir ce peuple qui demande juste d’être respecté. Même les médias ont été longs à réagir. On parle de crise économique, de chômage, de surnombre de diplômés pour expliquer la révolte. On nous parle de lutte contre l’islamisme pour justifier les morts et la violence du pouvoir…

J’ai des amis en Tunisie et ce qu’ils veulent c’est oui que le pays soit plus dynamique en terme économique et d’emploi mais c’est surtout que le pouvoir cesse la dérive du pouvoir et tout ce qui se trame autour de la femme du Président Ben Ali que certains annoncent déjà partie à Dubaï dès le début des troubles (lire l’article). Les articles sur les abus sont connus de beaucoup mais curieusement peu mis en avant avant ces derniers jours. Un livre a même été écrit qui circule en Tunisie sous le manteau. C’est le Président Habib Bourguiba qui le premier avait mis en avant le fait que la Tunisie, nouvellement indépendante, avait besoin d’un pouvoir fort qui ne laisse pas toutes les libertés pour pouvoir se construire. Et je crois que de nombreux tunisien s’accommodent de cela sans problème car justement le Président Ben Ali a ainsi été un vrai rempart contre l’Islamisme. Car les tunisiens ne souhaitent pas devenir l’Algérie avec ses troubles et son insécurité. Car oui la Tunisie est un pays sûr, un pays avec une classe moyenne et des aides sociales pour les plus pauvres. Il y a même de vraies bonnes idées pour aider à l’embauche des jeunes diplômés avec des aides pour les entreprises proportionnelles au niveau d’étude.

Mais ce qui a fait la goutte d’eau c’est le rejet de la soif du pouvoir de l’entourage du Président. Les gens crient contre le président, contre sa femme et ses gendres. Tout ce qui a été mis en avant comme étant des abus, que l’on peut lire dans cet article sur Facebook (lire l’article). C’est justement Facebook qui a été le relai de cette jeunesse qui veut le changement. J’ai pu voir les drapeaux tunisiens fleurir sur les profils, les articles s’échanger de partout. Ce n’est pas un hasard si un des premiers geste d’apaisement tenté par le président tunisien a été d’annoncer la future liberté de communication. «J’ai décidé d’une totale liberté de la presse et de l’arrêt des fermetures de sites internet» avant d’ajouter un « je vous ai compris ». «La situation aujourd’hui nécessite un profond changement et de travailler main dans la main (le pouvoir et les opposants) pour le bien du pays, a-t-il déclaré. Je réaffirme ici que j’ai l’intention d’approfondir la pratique démocratique et de revitaliser le pluralisme». Ces concessions sont importantes et montrent que le pouvoir se lézarde.

Je suis triste de voir que face à tout cela la France reste muette… On donne des leçons dans bien des Pays mais là, des anciens Français qui aiment notre pays et sont tournés vers nous pour de l’aide ne comprennent pas trop ces silences qui en disent long sur certaines relations qui risquent de sortir au grand jour entre les pouvoirs. Le Président Ben Ali a encore une toute petite chance de sauver son pouvoir, qu’il a déjà annoncer quitter en 2014, mais il va devoir donner de vrais gages à la population.

Demain c’est la grève générale et de grandes manifestations sont attendues dans le pays, espérons qu’elles se dérouleront dans le calme et que cette démocratie annoncée est sur la bonne voix.