Haro sur l’Aspartame

Les boissons light, ça donne bonne conscience. Mais ce faux sucre, couramment appelé aspartame serait-il vraiment sans danger ?

Apparu sur le marché américain en 1981, puis en Europe en 1994, l’aspartame, ce substitut de sucre, est rapidement pointé du doigt en raison de son caractère cancérigène supposé. Deux études plus tard, la question des dangers de l’aspartame revient sur le tapis. Un travail italien pointe du doigt les effets cancérigènes de la consommation d’aspartame sur les poumons et le foie en particulier, et le second, mené par le danois Thorhallur Halldorsson, met en avant les risques d’accouchement prématuré chez les futures mamans ayant consommé beaucoup de boissons dites « light ».

Des naissances prématurées à cause de l’aspartame

Publiée fin 2010 dans l’American Journal of Clinical Nutrition, une étude danoise, réalisée sur près de 60 000 femmes enceintes, révèle cet inquiétant constat : la consommation d’au moins une boisson gazeuse contenant un édulcorant chimique augmente d’en moyenne de 38 % les risques d’accouchement prématuré. Dans Libération, on apprend notamment que le risque s’élève à 27 % si la mère ne boit qu’une boisson, 35 % si elle en boit 2 ou 3, et 78 % quand elle en consomme plus de 4. Selon le Réseau environnement santé (RES), 200 millions de personnes consommeraient de l’aspartame régulièrement.

Un accroissement des risques du cancer du foie et du poumon

À Bologne, en Italie, l’Institut Ramazzini de recherche en cancérologie environnementale a publié une étude dans l’American Journal of Industrial Medicine, sous la direction de Morando Soffritti. Traités avec différentes doses d’aspartame depuis leur vie prénatale (à 12 semaines de gestation) jusqu’à leur mort, des rats et des souris de laboratoire ont permis déterminer les effets de l’édulcorant sur les tissus. Pour les scientifiques, « les résultats de cette étude confirment que l’aspartame est un agent cancérigène chez les rongeurs, et ce, sur différents tissus et organes ».

« Il faut que l’on arrête sinon demain, plus aucun produit ne sera consommable »

Dés le lendemain de ces publications, Jean-René Buisson, président de l’association des industries alimentaires (Ania), a tenu à rassurer les consommateurs sur l’innocuité de l’aspartame : « Une fois, c’est la viande, une fois c’est l’aspartame, une fois c’est le bisphénol. Il faut que l’on arrête sinon demain, plus aucun produit ne sera consommable », rétorque-t-il. Il faut selon lui faire confiance aux études antérieures menées par les autorités américaines, européennes et françaises sur l’aspartame, « l’un des produits qui a été le plus étudié ». L’Agence française de sécurité sanitaire alimentation environnement compte en revanche examiner ces nouvelles études au plus vite, « en vue d’éventuelles recommandations aux autorités françaises ».

Lauren Clerc