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Les bibliothèques sont l’avenir du livre

Publié le 14 janvier 2011 par Irulan

A lire absolument dans le supplément du journal Le Monde du 15/01/2011 à la page 16 l’interview de Robert Darnton, historien du livre. Selon lui l’arrivée du livre numérique va booster les publications papiers des livres. Il étaye ainsi ma plus profonde conviction, celle que plus un lecteur lit, plus il va consommer du livre qu’il soit papier ou numérique. Voici quelques citations extraites de l’article :

Robert Darnton, historien du livre

« Attention ! Il y a de grands tournants. Mais l’arrivée d’une nouvelle technique ne détrône pas la précédente. Au moins dans le court terme. La radio n’a pas tué le journal. La télé n’a pas tué la radio. L’ordinateur n’a tué ni radio ni télé. Même chose pour le livre. Un chercheur anglais a découvert récemment
que l’édition manuscrite s’est poursuivie jusqu’au XVIIIe siècle. C’est-à-dire que des éditeurs employaient des copistes pour recopier à la main certains livres. Pour une édition de moins de cent exemplaires, cela revenait moins cher d’engager des copistes que des typographes. L’invention de Gutenberg a donc fait fleurir l’édition manuscrite ! Et aujourd’hui, non seulement le livre numérique ne chasse pas le livre imprimé, mais il se peut qu’il le renforce. Au moins pendant un certain temps. »
Robert Darnton

En effet la coexistence des procédés de publication permet une utilisation plus aisée des supports selon dans quel situation se trouve le lecteur. En voyage ou en déplacement il est plus évident d’avoir sa bibliothèque dans sa poche que de se balader avec une vingtaine de livres dans une valise. Mais il aussi agréable de posséder l’objet sous format papier quand on est tranquillement installé dans son fauteuil se délectant d’une lecture sur le bon vieux papier que son odeur et son touché ne sera jamais remplacer par une liseuse.

« L’idéal des Lumières était la démocratisation du savoir. Mais la République des Lettres du XVIIIe siècle, qui prônait l’égalité et la connaissance universelle, n’était en fait qu’une utopie. Non seulement la censure et la police littéraire jouaient un rôle important dans la France de l’époque, mais l’analphabétisme et les barrières sociales constituaient des obstacles majeurs.
A côté d’une poignée de philosophes reconnus, comme Voltaire, Montesquieu, Rousseau et Diderot, les auteurs vivaient comme des pauvres diables, contraints de courtiser les mécènes, d’intriguer pour intégrer une gazette contrôlée par l’Etat. Internet change la donne et peut permettre de créer une véritable
République des Lettres à la portée de tous. A la portée d’un clic. La République numérique du savoir ! Vous imaginez la révolution que serait la création d’une bibliothèque universelle gratuite ? »
Robert Darnton

Aujourd’hui l’Utopie se heurtera certainement aux dictats des maisons d’édition, trop préoccupées à leur profits égoïstes qu’ils meuvent en question de survie. Que sont les intérêts d’un petit nombre face à l’accès au savoir universel. Certes les auteurs doivent être rémunérés et les maisons d’édition ont des frais à couvrir liés à leur fonctionnement. Mais comment expliquer que certaines oeuvres largement amorties comme celle écrites par Gaston Leroux, HG Wells, Agatha Christie servent encore de rente aux descendant oisifs. Alors que ces oeuvres pourraient déjà profiter au plus grand nombre sans que cela nuise à l’industrie du livre.

« Le plus grand obstacle à la création d’une bibliothèque numérique universelle est juridique ! Car la législation du copyright pose d’énormes problèmes. Nous pouvons numériser tous les documents publiés avant 1923, date à laquelle intervient le droit d’auteur. Pour les ouvrages publiés entre 1923 et 1964, les nombreuses fluctuations de la loi ont abouti à un grand flou du droit d’auteur et à une prolifération d’oeuvres dites « orphelines », sans ayants droit connus. Il faudrait donc que le Congrès vote une loi qui nous préserve des litiges sur ces livres épuisés auxquels on donnerait une nouvelle vie. »Robert Darnton

Au Etats Unis les choses sont déjà compliquées, mais elles le sont encore plus ici en Europe, avec des législations différentes pour chaque état, la législation Européenne et le droit international. Ainsi même si les Etats Unis arrivent à créer une bibliothèque numérique universelle légalement, accèder à celle-ci en Europe serait en partie illégale. Par exemple La Machine à voyager dans le temps de HG Wells se trouve dans le domaine public aux Etats Unis et au Canada, alors qu’il ne l’est toujours pas ici en Europe. On ne pourra pas nous dire que HG Wells malgré tout le respect que je lui dois, a encore besoin d’être rémunéré pour cette oeuvre !

« La démocratisation du savoir est en route, grâce au numérique. Je ne suis pas naïf, la société ne va pas, d’un coup, devenir égalitaire, et les élites ne disparaîtront pas. Mais la révolution Internet me rend optimiste quant aux possibilités d’éducation et d’expansion des connaissances. »Robert Darnton

Pour que cette démocratisation se fasse, il faudra en passer par une mobilisation des bibliophiles et ne pas laisser le champs libre aux sociétés d’édition du livre qui ont pour la plupart une vision étriquée du potentiel de la numérisation du livre. Et s’ils ne veulent pas reproduire les déboires catastrophique de l’industrie du disque, je leur déconseilles fortement de s’investir dans des systèmes fermés verrouillés par des DRM avec des formats propriétaires exclusivement réservés à un seul support (liseuse). A nous de leur montrer la voie.

Mithrandir79


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