Sarkozy : la religion du présent

Allez, un coup de gueule pour le week end. Notre président pérore à tort et à travers sur tous les sujets, et on finit évidemment par s’en lasser. Mais quand même, quand il dit que le changement climatique et le retour du religieux seront les deux défis majeurs auxquels le XXIème siècle sera confronté, ça ne passe pas.

Je ne parle pas du changement climatique, qui est une évidence, mais bien du religieux, sujet sur lequel Sarkozy commence sérieusement à déraper.

Je ne connais pas les convictions religieuses du citoyen Sarkozy, et je m’en fiche pas mal, mais je trouve extrêmement choquant qu’en tant que président il se permette de déclarer que :

• « Partout en France, et dans les banlieues plus encore qui concentrent toutes les désespérances, il est bien préférable que des jeunes puissent espérer spirituellement plutôt que d’avoir dans la tête, comme « seule religion », celle de la violence, de la drogue ou de l’argent. »… Le défaut de spiritualité serait donc le problème ultime des jeunes des banlieues ? Il se fout du monde, ou quoi ?
• Il a également déclaré quelque chose comme : « la laïcité, si elle n’est pas adossée à une espérance, finit par tourner au fanatisme »… on croît rêver ! Sarko, tu te souviens de la St Barthélémy et des Croisades ?
• Sur l’éducation : «Dans la transmission des valeurs et l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance.» (discours de Latran)… ah bon ? l’éducation religieuse serait donc indispensable au développement de tout un chacun ?
• Il faut aller vers la « laïcité positive » ! Concept éminemment fumeux qui laisse à penser que la « simple » laïcité est notoirement insuffisante, voire négative et intolérante.
• Citons aussi quelques autres perles, comme « celui qui ne croit pas ne peut soutenir en même temps qu’il s’interroge sur l’essentiel » ou « le fait spirituel est la tendance naturelle de tous les hommes à rechercher une transcendance »… la philosophie de comptoir, ça peut être drôle… sauf que là, c’est Sarko qui parle.

Bref, ce qui frappe, c’est la bêtise globale des propos de Sarkozy sur la religion. Un peu comme si Sarkozy ne connaissait rien à l’Histoire, n’avait jamais lu de livres, ne vivait que dans le temps présent. Un président pour qui l’obsession de l’efficacité immédiate, la recherche de solutions simples, la volonté de casser les tabous et de « libérer les énergies » constitueraient les seuls horizons.

Ce qu’il déclare sur la religion ressemble beaucoup à ce qu’il dit sur le « travailler plus pour gagner plus », les fonctionnaires ou les immigrés. Sarkozy est un fin politicien, un homme intelligent et efficace, mais il n’a ni mémoire ni culture. Au-delà des clivages politiques, c’est cet anti-intellectualisme revendiqué et affiché qui est extrêmement inquiétant.
Fred