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Bouazizi ou l'école de l'histoire ….par Ibrahima Falilou

Publié le 16 janvier 2011 par Bababe

Les images qui nous parviennent  de Tunisie sont fort éloignées de la paix des palmiers à laquelle nous étions habitués.

Lire l'article de Ibrahima Falilou qui note : "C’aurait juste pu être un cas d’injustice, un de plus comme on en rencontre tous les jours dans ces terres où la servitude des peuples est proportionnelle à la cruauté de ses dirigeants."

Bouazizi ou  l’école de l’histoire ….par Ibrahima Falilou
Bouazizi ou  l’école de l’histoire ….par Ibrahima Falilou

Ç aurait pu être un  tragique fait divers et se terminer sur la dernière colonne de la dernière page d’un quotidien local.  Ç’aurait même pu  apparaître comme l’acte désespéré d’une jeunesse en quête de liberté face à l’implacable ordre d’un pouvoir policier.

C’aurait juste pu être un cas d’injustice, un de plus comme on en rencontre tous les jours dans ces terres où la servitude des peuples est proportionnelle à la cruauté de ses dirigeants. Le geste de M. Bouazizi qui s’immole par le feu aurait pu être tout  cela et tout  autres choses auxquelles nos yeux se sont tant accoutumés au point de les inscrire dans les schémas de notre normalité, les frasques d’un vécu devenu ordinaire, trop ordinaire.

Mais Non ! Ce geste a été révélateur de l’incapacité de nos leaders à décoder les signes ,sentir les relents d’un mal être et décrypter toute la misère et toutes les souffrances contenues,ravalées , tues .

Il  est pourtant dans la trame de l’Histoire des phases d’une lisibilité si déconcertante qu’elle semble vouloir prodiguer des leçons aux hommes. L’exemple de ce jeune tunisien traduit pourtant une séquence vivante de la réalité de notre époque et des constantes qui structurent l’évolution de nos sociétés. Pendant longtemps nous avions chanté et exalté nos spécificités et singularités pour justifier des états de fait iniques et des postures peu recommandables. Nous avions, au nom du droit à la différence, tourné le dos à des valeurs universalistes pour prêter le flanc, à dessein, à des politiques liberticides et des choix discriminatoires..

Pendant longtemps nous avons été dans l’inessentiel, le factice. Nous nous sommes glosés, vantés, détestés. Nous avons nié, renié, expulsé, reformé, tué, voté  applaudi, pillé et pillé …

.Mais nous avons oublié d’écouter les murmures de l’Histoire pour en décrypter le sens et en épouser la cadence. Nous n’avons pas su, trop absorbés que nous étions à disserter sur  nos spécificités, que le monde va au regroupement et qu’aussi invraisemblable que cela puisse paraître, l’histoire est un processus de moralisation continue .Les valeurs de liberté, d’égalité et de justice triompheront partout parce qu’elles constituent l’essence de la vie, le moteur du devenir historique .Aucune société ne tolérera davantage d’être privée de liberté, de subir les injustices. La jeunesse d’aujourd’hui est moins permissive aux torts. Sa conscience est rebelle. C’est une marque de l’époque, un signe des temps .Les sociétés se croiseront, s’identifieront, se compareront les unes aux autres ; les modèles s’éprouveront, s’entrechoqueront par moments mais se compléteront à la fin .Rien ne restera en marge .Aucune autarcie ne sera viable. Les valeurs s’universalisent, les repères deviennent quasi identiques. C’est la marche du monde. Elle ne nous épargnera pas.

Le prétexte en sera peut être le pain mais les mobiles internes dépasseront le seul paramètre biologique. Une demande de justice et de liberté constitue la trame de notre évolution. Une société juste, égalitaire où la loi sera la même pour tous et où le droit sera le rempart contre les dérives totalitaires et les extravagances  des « maîtres du moment »

Savoir se mettre à l’école de l’histoire pour apprendre à décoder ses leçons et s’amarrer à sa locomotive, tel devrait être notre principal défi. Celui qui nous permettra de comprendre que, plus que jamais les peuples ne peuvent plus être nourris par les discours creux et la phraséologie maladive des « marchands de rêve. »

 Notre époque est une invite à l’excellence et à la bonne gouvernance. Le culte de la réactivité ; la culture de la  promptitude et de l’efficacité. Elle ne s’accommode plus des gestions tatillonnes et des diversions faciles.

 Elle est une ère d’anticipation et une exigence à voir et à traiter les problèmes loin des prismes réducteurs de nos « évidences » simplistes .C’est à cela que nous devons nous  atteler  si nous voulons résister à la déferlante historique …pendant qu’il est encore temps !

     Ibrahima Falilou

   Professeur


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