Pas vraiment Waterloo, mais pas non plus Arcole

Voilà un week-end européen qui se termine mieux qu'il n'avait commencé. Non pas que les résultats de samedi aient été vraiment catastrophiques. Mais les éliminations de Clermont et Castres (certes prévisibles), ajoutées aux points laissés en route par Biarritz en Ulster et Toulouse face à Newport avaient quelque peu refroidi les enthousiasmes.

Toulouse, en laissant échapper le bonus offensif et Biarritz, en concédant bêtement dans les dernières minutes une défaite évitable sur la pelouse de Ravenhill stadium, avaient manqué la qualification. Ou du moins l'avaient rendue moins immédiate (Toulouse) ou accessible (Biarritz).

Bref, ce ne fut certes pas Waterloo, mais ce fut très loin d'être Arcole, pour paraphraser Jacques Brel, ce fut l'heure où l'on regrette d'avoir raté des essais d'école....

Très décevante fut en particulier la prestation Biarrote. Les hommes de Jean-Michel Gonzalez pourront toujours pester contre Monsieur Owens, l'arbitre de la rencontre, ils doivent surtout s'en prendre à eux-mêmes. 

Heureusement, les évènements du dimanche ont très largement compensé la contrariété éprouvée au vu des résultats de la veille et éloigné le rugby tricolore de la morne plaine pour le rapprocher du triomphe qui passera cependant davantage par l'Irlande ou l'Angleterre que par l'Italie.

Ce sont d'abord les joueurs de Glasgow, ressuscitant la vieille "Auld Alliance" fort opportunément, qui battent les Wasps, concurrents directs de Toulouse dans la poule 6. Pourtant déjà éliminés, les Ecossais ont mis un point d'honneur à vaincre des Anglais qui, désormais, ne peuvent plus inquiéter le Stade Toulousain dans la course à la première place du groupe.

Ce sont ensuite les London Irish, également éliminés de la course aux qualifications dans la poule 3, qui battent les Ospreys, à la lutte avec Toulon et le Munster pour le précieux sésame. Il ne restait donc plus, pour les hommes de la rade, qu'à couler par le fond l'armada Irlandaise.

Plus facile à dire qu'à faire. C'est du moins le sentiment assez légitime qu'on pouvait avoir avant le début de la rencontre. On savait pourtant les Munstermen fragiles cette année, eux qui avaient concédé deux défaites à l'extérieur dans cette poule 3. Evidemment, la claque administrée aux Toulonnais lors du match aller donnait quelques arguments aux plus prudents des supporters rouge-et-noir. Mais on se disait avant le match que l'occasion était belle.

Et cela se confirma. Sans aller jusqu'à écrire que l'invincible armada s'est transformée en radeau de la méduse, médusés nous le fûmes néanmoins en voyant le nombre d'approximations offensives comme défensives dont nous gratifièrent Paul O'Connell et ses copains. A quoi il faut ajouter, pour faire bonne mesure, deux cartons jaunes pour Doncha O'Callaghan et Ronan O'Gara à des moments clés du match.

Il n'est pas question de remettre en cause la performance de Joe Van Niekerk (très bon dimanche) et ses hommes. Il fallait être costaud pour faire plier l'équipe du Munster qui jouait sa qualification elle aussi. Mais de là à qualifier la prestation de Toulon de match de l'année, il y a un pas qu'on ne franchira pas (sauf si l'on parle de l'année 2011, auquel cas on veut bien accorder le qualificatif à la rencontre).

 Les Toulonnais ont d'abord pris leurs adversaires sur l'intensité, en particulier en défense. Les plaquages des joueurs du RCT ont mis les attaquants adverses en difficulté, d'autant que ceux-ci n'ont pas su prendre suffisamment de profondeur pour enrayer les montées rapides des défenseurs.  La domination Toulonnaise s'est également faite sentir en mêlée. Les Irlandais peuvent remercier l'arbitre de la rencontre, Monsieur Pearson, qui a fait preuve d'une relative clémence à leur égard. Ce fut d'ailleurs le seul secteur où l'on pourrait formuler une critique à l'égard d'un directeur de jeu tout à fait à la hauteur de l'évènement.

Toulon a mérité sa qualification pour les quart-de-finale, et on est heureux de voir le RCT afficher des ambitions européennes. Mais pour espérer franchir encore une marche et disputer une demi-finale, il lui faudra travailler sur la relation "avants - trois-quart" en attaque, et insister sur la cohésion des lignes arrières. Même si l'association Wilkinson - Contepomi a semblé mieux fonctionner que lors des dernières rencontres disputées dans cette configuration, il reste encore beaucoup à faire pour que la paire donne toute la mesure de ses capacités.

Le Top 14 a donc qualifié deux de ses représentants. On espère voir ce duo se transformer en quatuor la semaine prochaine. C'est bien parti, pour peu que Biarritz et Perpignan se donnent la peine de jouer le rugby qu'on leur connait.

Mais on restera méfiant. Pour le rugby de France, Waterloo n'est jamais très loin d'Arcole...